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Gabriella SERRONE

 

Crise environnementale et crise sanitaire dans le discours politique : quand l’écologie devient un langage commun

 

 

Gabriella Serrone
Università degli studi di Bari Aldo Moro
gabriella.serrone@uniba.it


 

Abstract

The environment is the subject of public speeches by political leaders, because of the urgent need to create strategies to protect nature and prevent the risks caused by human action. As a result, ecology has become a major concern in our society. This idea proved relevant in the first few months after the start of the pandemic, given the centrality of the environment to economic recovery and support for sustainability. In this article, we put forward the hypothesis that the environmental cause is shaping the words of politics, and that terminological transfers from ecological discourse to political discourse are taking place to such an extent that we can speak of a ‘green language’. Following a terminological approach, based on the analysis of a corpus of official speeches by the President of the French Republic, Emmanuel Macron, delivered during his first quinquennium (2017-2022) and the first months of his second term (from May 2022), we propose to detect the occurrences of terms and expressions of such a language and to evaluate their implications in discourse (FRANCK 1969). The aim is also to ascertain whether, in one way or another, the pandemic has contributed to the spread of this terminology.

Résumé

L’environnement fait l’objet de discours publics des leaders politiques, en raison de l’urgence de créer des stratégies de protection de la nature et de prévention des risques provoqués par l’action de l’homme. « L’écologie est installée dans le paysage politique » (BONNET, GESLIN 2019 : 9) et peut être perçue comme « structure de nos sociétés » (VILLALBA 2010 : 95). Cette idée s’est avérée pertinente dès les premiers mois après le début de la pandémie, en considération de la centralité de l’environnement pour la relance de l’économie et le soutien de la durabilité. Dans cet article, nous émettons l’hypothèse que la cause environnementale façonne les mots de la politique et que des transferts terminologiques du discours écologique au discours politique s’opèrent à un point tel que l’on peut parler de « langage vert ». Suivant une démarche terminologique, à partir de l’analyse d’un corpus de discours officiels du président de la République française, Emmanuel Macron, prononcés pendant son premier quinquennat (2017-2022) et les premiers mois de son second mandat (à partir de mai 2022), nous nous proposons de déceler les occurrences des termes et des expressions dudit langage et d’évaluer leurs implications en discours (FRANCK 1969). Le propos est de vérifier également si, d’une façon ou d’une autre, la pandémie a contribué à la diffusion de cette terminologie qui objective des « passerelles entre la/les langue(s) spécialisée(s) et la langue générale » (ALTMANOVA et al. 2022 : 5), compte tenu du continuum existant entre elles (LERAT 1995 ; DEPECKER 2005 ; HUMBLEY 2012 ; CANDEL, LEDOUBLE 2017, entre autres).


 

Introduction et questionnements

Les altérations de l’équilibre naturel, causées par la pandémie de Covid-19, ont remis les questions de l’environnement et de l’écologie au cœur du débat social et politique. En effet, bien que l’origine exacte du virus demeure controversée et que plusieurs théories, scientifiques ou non, expriment leur propre vérité sur le sujet, le rapport entre l’homme et la nature a été placé au centre du débat et nous invite à nous interroger sur l’urgence de mettre les questions de la protection de l’environnement au premier rang des priorités nationales, européennes et internationales. Aussi la santé et l’environnement sont-ils liés, la première s’insérant dans le second, ou mieux, la première dépendant du second, dans la mesure où le maintien des équilibres établis dans la nature assure le bien-être de l’homme. Par ailleurs :

L’histoire des épidémies et des pandémies démontre qu’elles résultent le plus souvent de la responsabilité de l’homme. En détruisant par leurs incursions répétées les écosystèmes jusque-là préservés, les humains sont allés au contact de la faune sauvage. Dans les faits, ces animaux, à la fois réservoirs et transmetteurs de virus, sont à l’origine de la plupart des maladies infectieuses émergentes. (MATTEI 2020 : 632)

Dans le sillon de cette réflexion, la Covid-19 serait une opportunité pour réfléchir à notre mode de vie actuel, pour le changer, l’orienter autrement (FADIL, BENAZZI 2020) et pour penser que les comportements humains pourraient avoir des retombées sur la vie d’autrui, des autres êtres vivants et sur la « santé » de l’environnement qu’ils partagent. C’est pour cette raison que cette crise de la Covid-19 a permis de faire émerger deux directions possibles : la première tendrait vers un changement radical, pour aller vers un monde plus respectueux de l’environnement et de l’humain ; la seconde opterait pour un retour plus conscient à la situation prépandémique (TRESPEUCH et al. 2021).

Il s’agit d’arguments qui, durant la pandémie, ont fait l’objet de préoccupations évoquées dans des discours politiques à plusieurs niveaux. Comme l’a souligné Antonio Guterres, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, dans son message prononcé le 22 avril 2020, à l’occasion de la Journée internationale de la Terre nourricière[1] :

L’impact du coronavirus est à la fois immédiat et effroyable. Mais il existe un autre problème qui exige notre attention de toute urgence : la crise environnementale qui touche notre planète. […] La crise que nous traversons actuellement est l’occasion d’une prise de conscience inédite. Nous devons mettre à profit les mesures prises pour surmonter la pandémie afin de poser des bases solides pour notre avenir.

Sur la base de ces considérations, notre questionnement s’oriente vers la recherche d’un langage qui se fait porte-parole d’un nouveau bouleversement auquel le monde fait face : la crise de l’environnement. Si, d’un côté, elle a augmenté les craintes d’un désastre écologique aux contours apocalyptiques, en résonance avec l’écopsychologie (ZOLLO 2022), de l’autre, elle a poussé l’humanité à prendre conscience du changement climatique, notamment à la suite de la diffusion du virus Covid-19, quand les médias se sont efforcés de trouver des points communs entre la crise de l’environnement et la crise sanitaire (DEPOUX et al. 2023). Plus précisément, notre propos est de passer en revue les termes employés dans le discours politique pour parler de cette crise et en comprendre le rôle, dans le développement d’une « conscience écologique », dont la fonction de vulgarisation est facilitée via les notions et les données scientifiques énoncées, parmi d’autres discours (MÜLLER GJESDAL, FLØTTUM 2014).

1. Cadre théorique

Nous inscrivons notre contribution dans le cadre d’une approche combinée entre la linguistique de corpus, pour l’étude quantitative des termes extraits et de leurs cooccurrents (SINCLAIR 2004), et les recherches sur la variation terminologique en discours. Plus précisément, concernant ce deuxième point, si au début des études en terminologie, la variation représentait un aspect isolé, aujourd’hui elle est un constat à prendre en compte, si l’on veut avoir un aperçu complet du terme et en apprécier la variété des usages et, par conséquent, sa richesse linguistique. Les perspectives de recherches sont vastes et diversifiées (PELLETIER 2012 ; LEDEGEN, LEGLISE 2013 ; DROUIN et al. 2017). Cependant, toutes soulignent que les termes varient selon les discours où ils apparaissent et, à l’intérieur de chaque discours, selon d’autres variables qui en favorisent la circulation. Le discours politique participe de cette règle et, surtout, en moment de crise, il contribue à l’usage desdits termes, à leur adaptation, à la fixation de leurs traits sémantiques et à leur insertion dans une continuité phraséologique, déterminée selon la portée du message transmis. Comme le fait remarquer Fracchiolla (2019), cette richesse linguistique et terminologique a alimenté les arguments de l’écologie politique, dès sa constitution, visant à sensibiliser les citoyens aux valeurs communes et aux spécificités nationales : « Une universalisation du discours se produit ainsi à travers des valeurs partagées qui transcendent les différences culturelles, en même temps que le discours de terrain se réalise aussi de manière très localisée et individualisée, en fonction des individus et de leur vécu » (FRACCHIOLLA 2019 : 16).

2. Corpus d’analyse

Partant de l’idée selon laquelle « […] par sa mise en discours des termes d’un domaine, le texte constitue le milieu où les termes agissent et évoluent naturellement, ce qui en fait une véritable mine d’or pour le terminologue qui s’applique à en extraire sa matière première » (COLLET 2009 : 283), nous avons fondé notre analyse sur un corpus de textes authentiques et centré notre attention sur les discours du président de la République française, Emmanuel Macron, en raison de « slogans » écologistes qu’il a prononcés au cours de ses deux quinquennats. Le premier : « Make our planet great again », indique une initiative encouragée par le président Macron, le 1er juin 2017, à la suite de la décision des États-Unis de ne plus adhérer à l’accord de Paris sur le climat. À l’époque, le président de la République française faisait appel aux chercheurs, aux étudiants et à toute la société civile pour encourager l’effort de la France contre le réchauffement climatique. En revanche, le deuxième est « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas » : la promesse de prendre le virage de l’écologie, prononcée le 16 avril 2022, à Marseille, au cours des dernières phases de sa deuxième campagne présidentielle. À plusieurs reprises, le président Macron s’est donc montré un défenseur de la cause environnementale et les arguments écologistes ont pénétré sa politique. En se focalisant sur la visite du président Emmanuel Macron, au Mont-Blanc, le 16 février 2020, et sur le pathos de son discours, une étude de Lippert (2023) met en relief cet aspect et montre l’implication du Président face aux arguments de l’écologie et sa volonté aussi de trouver des solutions aux ménaces qui pèsent sur l’environnement.

Pour l’analyse, le corpus constitué rassemble les discours d’Emmanuel Macron de mai 2017, dès son premier quinquennat, à octobre 2022, jusqu’aux premiers mois de son second mandat. Tirés du site officiel de l’Élysée[2], dans la section « Publications », 486 textes ont été rassemblés, divisés en six sous-corpus scindés par années (2017 ; 2018 ; 2019 ; 2020 ; 2021 ; 2022, cf. Tableau 1).

Tableau 1 : Composition des six sous-corpus d’analyse

 Les thématiques sélectionnées concernent des discours portant sur tous les sujets abordés par le président Macron, excepté les textes réunis sous la catégorie du site intitulée « Transition écologique ». Ce choix répond à l’intention de repérer les traces d’un langage écologique dans des discours ne portant pas directement sur la protection de l’environnement, sur la lutte contre les changements climatiques et sur toute autre thématique relevant de la cause environnementale, afin de vérifier si, effectivement, ce type de sujet apparaît dans les autres sphères de la société civile et quels sont les termes employés pour s’y référer.

3. Méthodologie adoptée

La terminologie étant centrale dans cette étude et, plus généralement, dans nos recherches, nous avons procédé à une extraction de termes, via un concordancier[3], à partir des sous-corpus constitués. Le résultat de cette phase automatisée a permis la création de listes de termes clés : ceux qui caractérisent le discours analysé. Ensuite, à partir de ces listes, nous avons comparé les sous-corpus, en distinguant les termes qui renvoient à l’environnment et à l’écologie, partagés ou non par chaque année. Par conséquent, toutes les unités terminologiques qui seront évoquées figurent dans les listes de termes clés générées et elles sont significatives d’un point de vue quantitatif.

Plus précisément, nous avons effectué une analyse quantitative et qualitative des unités extraites des sous-corpus 2020, 2021, 2022, c’est-à-dire, les années que la pandémie caractérise, puis, nous avons évalué leur portée, par rapport aux sous-corpus des années précédentes, 2017, 2018 et 2019.

Les résultats obtenus à la suite de cette phase d’extraction suggèrent deux directions : le repérage des termes de l’environnement et de l’écologie ; l’étude de quelques termes clés et l’appréciation de leur usage en discours, en y incluant leur phraséologie apparue en contexte.

4. Termes « verts » employés par Macron

Précisons que, durant le premier quinquennat du président Macron, une loi a reconnu l’émergence environnementale, plus précisément climatique et, d’une certaine manière, ladite loi a « institutionnalisé » (COURNIL 2022 : 173) cette urgence. Il s’agit de la loi n° 2019-1147 du 8 novembre 2019, relative à l’énergie et au climat (LEC), laquelle fixe, au moins apparemment, des priorités. En effet, « […] cette légalisation de l’urgence climatique offre un exemple fort de symbolisme législatif parfois nécessaire pour conforter la règle de droit » (ibid.). Il reste à vérifier si cet acte institutionnel fort et significatif a des retombées, en linguistique et dans d’autres champs. D’où l’intérêt de notre étude, qui commence par le repérage de termes qui renvoient à l’environnement et à l’écologie, pour lesquels nous avons choisi l’appellatif « verts ».

4.1. Termes « verts » des sous-corpus 2020, 2021 et 2022

Les analyses effectuées dans les sous-corpus de 2020, 2021 et 2022 montrent la présence de quelques termes relevant de l’environnement et de l’écologie, dans une proportion majorée en 2021 et 2022 ; l’année 2020 renvoie à quelques rares termes de base, montrant un intérêt croissant pour la transition écologique.

Parmi les termes clés extraits, le sous-corpus 2020 montre seulement écosystème, neutralité et transition. Plus précisément, observés en contexte, ces deux derniers révèlent la présence des termes complexes[4] suivants : neutralité carbone et neutralité climatique ; transition écologique, transition énergétique et transition climatique. Au-delà du cas d’écosystème, que nous approfondissons plus loin, les unités terminologiques complexes qui ont neutralité et transition comme base et qui renvoient aux changements, dans la politique en faveur de l’environnement, cooccurrent avec les mots crise et relance et, plus généralement, ils figurent dans un contexte dont le sujet est la reprise post-Covid, comme dans les exemples suivants :

1. La quatrième leçon, c’est que cette crise, et la réponse qu’y apportent les gouvernements, constituent une opportunité pour réorienter en profondeur nos modèles économiques et les rendre plus vert […]. Nous nous sommes engagés au niveau européen à atteindre la neutralité climatique en 2050 […] (Discours du 14 septembre 2020) ;

2. C’est investir pour transformer, c’est bâtir la France de demain et donc le projet France Relance, qui sera présenté la semaine prochaine, c’est un projet dans lequel nous voulons projeter le pays pour plus d’indépendance et donc les relocalisations pour bâtir un modèle d’avenir fondé sur le savoir, sur l’écologie et la transition écologique […] (Discours du 28 août 2020)

En effet, comme nous l’avons expliqué et montré dans une étude basée sur corpus (SERRONE 2023), le plan de relance, mis en place au lendemain de l’épidémie, a eu comme ligne de force la lutte contre les émissions de carbone et la transition écologique et énergétique, en raison de la prise de conscience de l’urgence de mesures dans ces domaines, à la suite de la diffusion du virus de la Covid-19.

Les deux autres sous-corpus, 2021 et 2022, contiennent, eux aussi, ces termes clés, associés à d’autres qui marquent des avancées dans la sensibilisation aux questions de l’environnement et des techniques utilisées. Les deux sous-corpus partagent les termes décarbonation et le verbe correspondant décarboner qui indique le processus de réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et le mot hydrogène, plusieurs fois évoqué comme élément chimique utile, pour remplacer le gaz. Cependant, le sous-corpus 2022, qui contient des innovations lexicales, montre de manière indiscutable que la cause écologique entre dans le quotidien, via de nouveaux termes qui réfléchissent de nouvelles exigences et un nouveau regard sur le monde (BALNAT, GÉRARD 2022). Cela est bien visible pour éco-délégués (ex. 3) et test-climatique (ex. 4). Sobriété y figure également, dans sa forme raccourcie (ex. 5), bien que sa forme complète, sobriété énergétique, soit également présente :

3. […] parce que je pense aussi que ce que nous faisons collectivement là, et ce que vous faites chaque jour, en tant qu’élus du territoire, ce que nos enfants et adolescents ici présents font en s’engageant dans des conseils municipaux des jeunes comme éco-délégués. (Discours du 10 octobre 2022)

4. Ensuite, on doit se donner de la visibilité sur le climat à venir et développer avec les chambres […] ce que j’appellerais un stress test-climatique intégré au parcours d’installation pour identifier les défis qui se posent à tous, et de manière plus spécifique. (Discours du 9 septembre 2022)

5. Les pays les plus riches doivent accélérer leurs programmes de neutralité carbone, mais aussi faire l’effort de sobriété et partager les technologies vertes. (Discours du 20 septembre 2022)

 4.2. Termes partagés par plusieurs sous-corpus

Le propos ici est d’observer et de mettre en évidence l’évolution de termes partagés par plusieurs sous-corpus, à partir de 2017. Le tableau ci-dessous en résume les résultats :

Tableau 2 : Occurrences des termes « verts » employés par Macron entre 2017 et 2022

L’annus horribilis de la pandémie, l’année 2020, a provoqué un recul des références à l’environnement et, par conséquent, une modification des priorités. Cela veut dire que, pendant cette année-là, les déclarations prononcées par le président de la République française se sont plutôt centrées sur d’autres sujets prioritaires, représentés par des termes renvoyant à plusieurs champs sémantiques afférant à la pandémie : les hôpitaux (personnel soignant, réanimation, respirateur), les menaces et la réaction à la Covid-19 (propagation du virus, gestes barrières, résilience, lutte contre la pandémie, esprit de coopération), les stratégies politiques face à la pandémie (plan de relance, France relance, plan sanitaire, restructuration économique).

À partir de 2020, pour les deux dernières années, les termes biodiversité, climatique, dérèglement et écosystème réapparaissent de façon plus prégnante, notamment en 2021, l’année 2022 n’ayant pas été analysée complétement. Cependant, les préoccupations liées au maintien des équilibres de la nature ont repris de l’importance, après la prise en charge des problèmes sanitaires conséquents, dus à la diffusion du virus (ex. 6 et 7) :

6. La biodiversité d’abord car nous savons maintenant que ces agendas sont liés. La biodiversité est notre meilleur allié pour lutter contre le réchauffement climatique. (Discours du 1er novembre 2021)

7. Et donc face à cela, il y a tous les engagements de la République, mais il y a un engagement très concret et une promesse qui a trop tardé, celle de permettre d’abriter les habitants face à ces dérèglements, face aux cyclones, aux montées des eaux. (Discours du 27 juillet 2021)

  4.3. L’adjectif climatique

La présence constante de l’adjectif climatique, bien qu’avec une fréquence d’occurrences variable d’un sous-corpus à l’autre, est révélatrice du fait que l’attention portée au climat a toujours été un point majeur des arguments politiques d’Emmanuel Macron. Il est intéressant de remarquer l’évolution de cet adjectif au fil des années, non seulement en termes d’occurrences, mais aussi en lien avec les substantifs qui l’accompagnent.

Notre propos est de mettre l’accent sur l’évolution de la perception de la question du climat, au cours des six années examinées, notamment après 2020, dès le début de la pandémie ; le Tableau 3 en rend compte[5].

Tableau 3 : L’évolution de climatique et les substantifs qui cooccurrent

Sans prendre en considération pour l’instant les termes réchauffement, changement, dérèglement, nous nous focalisons sur les termes qui les suivent dans le tableau. Si en 2017, le président Macron emploie le terme crise climatique et reconnaît la menace de troubles subséquents (bouleversement) et la nécessité de prendre une direction claire pour l’avenir (stratégie), en 2018, il continue à confirmer l’existence d’un risque (aléa) lié au climat, le reconnaissant pour la première fois comme un défi, et il prône l’urgence de le prendre en charge (urgence, engagement, enjeux). Ensuite, en 2019, les questions de climat deviennent une priorité dont il faut s’occuper, en se fixant des buts précis à atteindre (agenda). En 2020, la perception de la gravité de la situation (dette) persiste, avec l’indication d’un choix déterminé à prendre (objectif, neutralité). En 2021, pour le président Macron, le climat reste primordial et fait l’objet d’une crise, mais le poids des menaces se fait plus lourd encore (problème, troubles, anxiété). En 2022, le Président rétablit l’état de crise, intensifie l’impératif de gérer les dégâts dus au climat (défi, aléa, agenda, transition) et il met en évidence le caractère péjoratif de la situation (cataclysme).

Dans le discours politique, il est important de remarquer l’emploi, volontaire ou non, de variantes terminologiques relevant de choix linguistiques qui convergent. À ce propos, le cas de dérèglement climatique s’avère être particulier, en ce qu’il serait employé comme variante de changement climatique et s’inscrirait dans une tendance générale du Président à privilégier des substantifs et des verbes précis. Nous insérons le nombre d’occurrences des deux unités terminologiques en concurrence dans le tableau qui suit :

Tableau 4 : Occurrences de dérèglement climatique et de changement climatique

Au niveau scientifique, changement(s) climatique(s) est sans doute la première forme employée, après que le climatologue Wallace Broecker l’a utilisé en 1975, dans un article paru dans la revue Science et intitulé « Climatic Change : Are We on the Brink of a Pronounced Global Warming ? ». Cette même forme fait l’objet de définitions de dictionnaires et de glossaires spécialisés et elle est privilégiée dans les textes des professionnels de référence. À titre d’exemple, nous citons les deux définitions suivantes :

  • « Variation du climat due à des facteurs naturels ou humains »[6] (Vocabulaire du Développement Durable, 2015, Délégation générale à la langue française et aux langues de France)
  • « Variation de l’état du climat qu’on peut déceler (au moyen de tests statistiques, etc.) par des modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus […] ». (Glossaire du GIEC – Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat)

En revanche, aucune définition officielle de dérèglement climatique n’est présente dans des sources primaires, celles écrites par les professionnels du domaine (ZANOLA 2018), même si ce terme semble avoir du succès. Les articles de journaux abondent, concernant les conséquences dangereuses des comportements de l’homme, sur les phénomènes climatiques et météorologiques sous l’étiquette : « dérèglement climatique » (au singulier ou au pluriel). Le discours de vulgarisation s’en serait donc emparé, pour faire remarquer les déséquilibres provoqués sur la nature, à cause du réchauffement climatique.

Nous constatons cette tendance aussi dans les sous-corpus d’analyse, en particulier pour les deux dernières années. Plus spécifiquement, si pour les années prépandémiques et pour 2020, la forme officielle a plus d’attestations, les années 2021 et 2022 marquent une inversion de tendance, de sorte que dérèglement apparaît de façon croissante, contrairement à changement. Ce résultat trouve une justification dans la déclaration suivante du président Macron, tirée du sous-corpus 2022 :

8. Remettre en cause l’Europe, elle, qui nous a protégé(e)s pendant la COVID. L’Europe, sans laquelle nous n’aurions pas eu de vaccins, nous qui n’en produisions pas alors sur notre sol. Notre Europe, qui assure la paix dans cette partie du continent, qui contribue à nous protéger dans ce dérèglement. (Discours du 9 juin 2022)

Ici, dérèglement se réfère clairement aux désordres causés par la pandémie, également par la guerre en Ukraine. Le terme alors évoque efficacement les troubles qu’un événement traumatique peut générer et décrit ce fil conducteur représenté par les décompensations qui unit la crise sanitaire, causée par la propagation du virus Covid-19, et la crise environnementale et climatique.

Il s’agit d’une hypothèse étayée ultérieurement par un autre aspect important, remarqué dans nos sous-corpus : dérèglement appartient à un réseau de mots commençant par « de- », parallèlement à d’autres, commençant par « re- ». Toujours en observant les discours politiques, Tournier (2002 : 62) définit ces éléments comme les préfixes de la « dénonciation » et de la « restauration », respectivement. Cependant, nous croyons que dans les discours du Président, objet de cette étude, le préfixe « de- » renverrait plutôt aux concepts de « déconstruction », et le préfixe « re- » à l’idée de « reconstruction » (Tableau 5 et tableaux en annexe). En outre, nous enregistrons un nombre d’occurrences croissant au fil des années ; il est légèrement plus élevé dans le sous-corpus 2022, ce qui prouverait que la déconstruction, causée par les nombreuses crises, pandémique avant tout, et le besoin de reconstruction guideraient les choix terminologiques. Les termes relance et résilience, très fréquents en temps de pandémie, s’avèrent des exemples des plus efficaces.

Tableau 5 : Nombre d’occurrences des mots en « de- » et « re- »

Dans certains cas, les mots commençant par ces préfixes peuvent relever également de la phraséologie employée pour se référer à la pandémie et aux dégâts infligés à l’environnement. Le verbe repenser, référé aux conséquences de la crise sanitaire (ex. 9) et à la transition écologique (ex. 10), en fournit un exemple intéressant.

9. Troisième élément, tout ça suppose d’avoir une coopération internationale en matière de financement et de santé qui est repensée. (Discours du 27 septembre 2021)

10. Quatrième axe, me semble-t-il important, c’est accélérer la transition touristique […] Le secteur représente 11 % de nos émissions de gaz à effet de serre et donc, vis-à-vis de nos engagements internationaux de la planète, on doit complètement repenser les choses. (Discours du 4 novembre 2021)

Ce partage au niveau phraséologique est bien souligné également dans l’extrait suivant, où le président Macron, s’adressant à l’Assemblée Générale des Nations Unies, met en parallèle santé, climat et biodiversité, par le biais du verbe clé remobiliser.

11. La santé, bien public mondial, c’est un combat que nous avons mené durant toute l’année qui vient de s’écouler, que nous avions mené aussi à Lyon, quand il s’est agi de remobiliser la communauté internationale pour financer la lutte contre des épidémies historiques. Le climat et la biodiversité doivent être plus que jamais aussi au cœur de notre agenda collectif. (Discours du 22 septembre 2020)

4.4. Écosystème : une question d’environnement ?

Nous savons qu’écosystème correspond à un concept né dans le domaine de la biologie et de l’environnement (DURY 1999) et qu’il désigne « [l’]unité écologique fonctionnelle formée par le biotope et la biocénose, en constante interaction » (entrée de FranceTerme). Il est vrai également que les dictionnaires de langue générale ajoutent au terme un sens figuré, de sorte qu’il a aussi la signification de « milieu organisé » (Dictionnaire Le Robert en ligne).

Dans nos sous-corpus, écosystème est employé en référence à l’environnement, et à d’autres domaines également, avec des emplois qui changent au cours des six années analysées (Tableau 6), et le sens figuré est plus fréquent que le sens initial. Plus particulièrement, nous observons un phénomène de glissement sémantique pour ce terme qui passe de son domaine d’origine à d’autres, en particulier à celui de l’industrie, de la recherche et de l’innovation technologique.

Tableau 6 : Emploi d’écosystème dans les sous-corpus

À l’exception de 2017, le nombre d’occurrences du sens associé à l’environnement reste le même jusqu’en 2020, alors que pour les deux dernières années, quelques attestations supplémentaires apparaissent, notamment en 2021. En outre, le glissement sémantique permet l’acquisition d’autres nuances de signification qui enrichissent le profil sémantique du terme. Plus précisément, dès 2017, lorsque écosystème est évoqué dans une acception plus écologique, ce terme acquiert une connotation négative, et il est associé à une idée de « détérioration » (ex. 12 et 13) :

12. Ensuite parce que les défis du monde appellent une action collective, les violations des droits de l’homme, l’aggravation des inégalités, la dégradation des écosystèmes réclament une réponse mondiale coordonnée. (Discours du 4 janvier 2018)

13. Comment pourrions-nous justifier auprès des générations futures que nous aurions fait passer la préservation d’écosystèmes et d’environnements irremplaçables après celle d’intérêts nationaux ou commerciaux hypothétiques ? (Discours du 24 juin 2021)

Dans ce dernier exemple, le mot préservation, apparemment porteur de traits sémantiques positifs, suggère la présence d’une menace, d’un danger qui requiert une protection des équilibres préétablis.

En revanche, la connotation est positive quand écosystème prend un sens plus figuré, dans des domaines autres que l’environnement, pour transmettre une idée de « construction » (ex. 14) et de « développement » et « promotion » (ex. 15) :

14. On va continuer de bâtir un écosystème qui investit dans le risque et donc ce qu’on a réussi à faire avec les fonds TIBI, leur généralisation à l’Europe, le développement de notre écosystème…on va le renforcer. (Discours du 6 octobre 2022)

15. Nous devons accélérer la création d’un véritable écosystème français autour des technologies de défense. (Discours du 17 janvier 2019)

Le glissement sémantique est observable dans tous les sous-corpus, et à partir de 2020, nous observons de véritables contaminations au niveau phraséologique, de sorte que les collocations relevant des champs de l’écologie et de la durabilité sont employées même quand écosystème acquiert un sens autre. Nous le remarquons dans le Discours du 14 septembre 2020, dont, ci-après, nous proposons trois exemples. Le président Macron utilise la métaphore afférant au champ de l’écologie et de la durabilité, pour écosystème, alors qu’il fait référence au système de l’industrie :

16. Et si on veut que notre écosystème soit durable, il doit être souverain et on a plusieurs batailles à mener sur ce sujet.

17. Parce que si nous voulons maîtriser durablement notre écosystème, si on veut vraiment être souverain au niveau européen, on doit rouvrir ce sujet.

18. Parce que ce modèle n’a pas d’équivalent et parce que notre attractivité et la consolidation de notre écosystème ne se fera pas par la dégradation de ce modèle.

Cette contamination se poursuit en 2021, par une mise en parallèle des termes environnement et santé. Une évidence de ce phénomène est présente dans le même discours[7], quand le Président emploie le mot changement, d’abord associé à écosystème, avec son sens premier (ex. 19) et ensuite à écosystème, dans le domaine de la recherche sanitaire (ex. 20) :

19. Et donc, on peut avoir combiné en effet avec des changements d’écosystèmes liés aux traumas qui sont dus à la fois au réchauffement climatique et aux bouleversements en termes de biodiversité […]

20. Et donc voilà, pour moi, ce deuxième levier en plus du changement de l’écosystème de recherche, c’est vraiment cette simplification, la transformation de la recherche clinique et la simplification des contraintes et l’amélioration des données.

L’association entre l’environnement et la santé se fait plus pertinente au moment où le Président utilise le terme « écosystème », pour citer les professionnels de la santé (ex. 21) et, plus généralement, pour décrire les innovations à mettre en place au niveau sanitaire (ex. 22 et 23) :

21. Plusieurs l’ont évoqué avant moi, cette académie va donc former, pas simplement des soignants, mais aussi des cadres de santé, tout en écosystème (Discours du 27 septembre 2021)

22. C’est un objectif très concret, mais il est atteignable au-delà de l’écosystème de santé et d’innovation en santé que j’ai rappelé il y a quelques semaines. (Discours du 12 octobre 2021)

23. Et nous avons dans nos zones économiques exclusives la possibilité d’avoir accès à ces explorations […] peut-être d’accès à certains métaux rares, de compréhension de fonctionnement de nouveaux écosystèmes, d’innovation en termes de santé […]. (Discours du 12 octobre 2021)

Globalement, à travers ses emplois polysémiques et sa prédisposition métaphorique, écosystème représente un trait d’union terminologique et phraséologique idéal, entre les questions d’environnement et les conséquences sanitaires qui, inévitablement, sont apparues après la pandémie, et dans les domaines de l’économie, durement frappés, à la suite des ralentissements dus à la crise sanitaire.

Conclusion

La pandémie de la Covid-19 a permis à la cause de l’environnement et de l’écologie de s’implanter, de s’imposer et de prédominer, parmi les priorités annoncées dans les discours politiques, via un « langage vert », composé de mots et de structures récurrentes qui insistent sur l’urgence de prendre en charge les dégâts de l’action de l’homme sur la nature. Dans les discours du président de la République française, Emmanuel Macron, ce constat se confirme : ses choix d’ordre terminologique et leur dynamique authentifient leur statut de « crise environnementale » aux altérations de l’environnement. En effet, la richesse terminologique, afférant au domaine de l’environnement, dont le Président fait montre, y compris dans des discours qui ne portent qu’indirectement sur ce sujet, confirme l’intention d’Emmanuel Macron d’intégrer ces questions, parmi les urgences de l’action politique, en développant « un éthos de sauveur » (LIPPERT 2023 : 71). Le phénomène de variation qui touche certains termes, au niveau lexical, pour le terme changement climatique et au niveau sémantique pour écosystème, suit cette même direction et contribue à faire percevoir l’état actuel de l’environnement comme fondamental, parmi les déséquilibres dangereux qui ménacent l’humanité entière et doivent figurer comme prioritaires, sur la feuille de route de la politique, à plusieurs niveaux. Cette prise de conscience de l’importance de la protection de l’environnement, commencée dès le premier mandat du Président de la République française, en 2017, se fait plus persistante dans les années de la Covid-19. En effet, les mots de la crise de l’environnement montrent l’inquiétude et la gravité transmises également par ceux de la pandémie. La métaphore de la « guerre », utilisée par le président Macron, dans ses discours sur la crise sanitaire (ROLLO 2022), présente également dans les passages se référant à l’environnement (lutte contre le rechauffement climatique ; lutte contre le(s) dérèglement(s) climatique(s)), le montre bien. Face à l’urgence qu’impose le changement climatique, exacerbée par la Covid-19, la communication « dramatisante » sur la crise, « martelée » par le président Macron (AUBIN 2022), relève d’une promesse de détruire un monde vu comme inadéquat, pour en refonder un autre qui réponde plus globalement aux urgences actuelles.

  

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Sitographie

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Logiciel Sketch Engine : http://www.sketchengine.eu/

 

Annexes


[1] Ce message a été repris dans le document de l’ONU Pour un après-COVID-19 respectueux de l’environnement : note d’orientation à l’intention des parlementaires, édité en 2020 par Union Interparlementaire (UIP).

[2] Déclarations publiques d’Emmanuel Macron : www.elysee.fr

[3] Logiciel Sketch Engine : http://www.sketchengine.eu/

[4] Nous employons l’expression « terme complexe » au sens de L’Homme (2004) pour nous référer à des termes qui se composent de deux ou plusieurs unités, séparées d’une espace blanche, d’un trait d’union ou d’une apostrophe.

[5] L’ordre des termes dans le Tableau 3 suit un critère quantitatif.

[6] Cette même définition apparaît dans le Grand Dictionnaire Terminologique

(https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/fiche-gdt/fiche/26538862/changement-climatique).

[7] Discours du 29 juin 2020.

 


Per citare questo articolo:

Gabriella SERRONE, « Crise environnementale et crise sanitaire dans le discours politique : quand l’écologie devient un langage commun », Repères DoRiF, n. 29 – Discours autour de la pandémie : configurations interdiscursives et diatopiques d’un fait de crise en évolution, DoRiF Università, Roma, aprile 2024, https://www.dorif.it/reperes/gabriella-serrone-crise-environnementale-et-crise-sanitaire-dans-le-discours-politique-quand-lecologie-devient-un-langage-commun/

ISSN 2281-3020

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