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Marge KÄSPER

Pourrons-nous agir ou doit-on attendre ? Les verbes modaux dans la communication journalistique de la crise sanitaire[1]

 

 

 

Marge Käsper
Université de Tartu
marge.kasper@ut.ee

 


Abstract

In order to evaluate the constraints and possibilities of action of various actors in the crisis, the article conducts a quantitative analysis of the uses of the main French modal verbs – devoir and pouvoir  – by examining their most salient nominal and pronominal subjects and the verbs that they precede in a French journalistic corpus composed of all articles from the daily newspapers Le Monde and Le Figaro having used the keyword “Covid-19” during the year 2020. We thus learn what Macron has to do and what the French people can do in the crisis and how companies engage in it according to these newspapers. The outcome of the analysis reconfirms the observation that has been already made by Ait Ouarab-Bouali (2008: 4) that is « telle qu’elle est appliquée aujourd’hui, [la gestion de la crise] encourage la passivité et fait du citoyen un “éternel assisté” ».

Résumé

Afin d’évaluer les contraintes et les possibilités d’agir de divers actants dans la crise, l’article mène une analyse quantitative des emplois des principaux verbes modaux français – devoir et pouvoir –, en examinant leurs sujets nominaux et pronominaux les plus saillants et les verbes qu’ils introduisent dans un corpus journalistique français comprenant tous les articles des quotidiens Le Monde et Le Figaro ayant utilisé le mot-clé « Covid-19 » au cours de l’année 2020. On apprend ainsi ce que doit Macron ou peuvent les Français et comment s’y engagent les entreprises comme agents de fait dans la crise d’après ces journaux, pour en arriver à constater, avec Ait Ouarab-Bouali (2008 : 4), que « telle qu’elle est appliquée aujourd’hui, [la gestion de la crise] encourage la passivité et fait du citoyen un “éternel assisté” ».


 

Introduction

La métaphore et la rhétorique guerrières du président français lors de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 ont désormais fait l’objet d’innombrables études (e.g. SADOUN, WAHNICH 2022 ; NICOLLE, GUELMANI 2023 ; ROLLO 2022, etc.). Entre autres, Baider et Constantinou (2022 : 306) ont montré que le Président Macron valorisait surtout une « obéissance du peuple qu’il mettait en regard avec les bienfaits qu’il voulait lui assurer ». L’analyse de la presse française de la même période par Sophie Moirand (2021) témoigne cependant plutôt d’un climat de méfiance, voire d’une « défiance » envers les dirigeants du pays. Cette question des attentes, des obligations ainsi que des contraintes pour les participants d’une crise et leur représentation dans les médias sera étudiée dans le présent article au moyen d’une piste certainement moins explorée que l’usage des métaphores mais tout autant présente dans les textes comme trace linguistique de l’atmosphère saillante (voir PENNEC 2021) : c’est l’usage des verbes modaux dans la presse covidienne qui fera l’objet de cette analyse. Car c’est aussi la médiatisation des volontés, des devoirs et des possibilités d’agir qui définit le climat de la crise.

Dans une analyse des nominations de divers évènements et situations problématiques dans la presse des premières années de notre millénaire (2001-2004), Marie Veniard (2013) définit la notion de crise comme un moment de rupture grave et d’une certaine durée caractérisé en particulier par le trait sémantique [+qu’on doit régler] ou plus généralement [+dont on veut voir arriver le terme] (VENIARD 2013 : 88-92 ; 193-194). Les modalités impliquées dans ces définitions issues des pratiques discursives de l’époque, d’une part, mettent en avant une attente pragmatique inscrite dans l’usage du mot crise de voir les problèmes résolus, mais laissent, d’autre part, volontairement en suspens la question de savoir « qui donc règle la crise » (VENIARD 2013 : 90). L’auteure souligne en effet que l’emploi du vocable crise dans la presse est souvent caractérisé par un anonymat actantiel, servant aux hommes politiques et aux experts (utilisateurs préférentiels de ce mot) à poser une problématique comme importante à traiter, mais ne donnant pas forcément d’indications sur les responsabilités impliquées dans le processus – d’après les usages langagiers, « la sortie de la crise » semblerait se faire plutôt toute seule, sans actants impliqués (VENIARD 2013 : 92).

Dans les conditions actuelles des crises qui se multiplient (crise climatique, crise de l’énergie, guerres, crise de polarisation d’opinions) et dont on ne voit plus la fin, de sorte qu’une notion nouvelle de permacrise (Collins Dictionary 2022) ait pu surgir, les modalités d’agir et les responsabilités impliquées deviennent cependant des questions de plus en plus importantes à considérer. Nous allons donc examiner comment ces modalités se sont présentées dans la longue crise sanitaire, pour discuter ainsi des rapports d’agentivité possibles dans la société (cf. CHATAR-MOUMNI et al. 2023). L’analyse de Moirand (2021) s’étant concentrée sur le rôle des médias dans la construction des récits médiatiques dans  divers petits « instants discursifs » saillants, l’article ci-dessous étudiera, de sa part, quels ont été les agents discursifs saillants dans la masse continue et éparse de ces instants, en caractérisant leurs modalités d’agir dans la crise : l’article propose une analyse langagière quantitative des activités, idées ou perspectives évoquées comme nécessaires mais aussi possibles ou impossibles en cooccurrence avec les différents sujets saillants dans un grand corpus thématique de Covid-19. Ce corpus et les analyses effectuées dans ce cadre seront présentés ci-dessous après une première mise au point méthodologique.

1. Les verbes modaux et l’agentivité en vue d’une analyse du discours

Au sens restreint, la modalité est une catégorie sémantique définie essentiellement par les relations de [nécessité] et de [possibilité] qu’expriment dans la langue le plus explicitement les verbes modaux pouvoir et devoir (AUWERA, PLUNGIAN 1998). Cette conception plutôt « minimaliste » de la modalité (DENDALE, AUWERA 2001) a beaucoup été discutée et élargie en linguistique (VETTERS 2012 ; HAßLER 2022, etc.), mais comme l’a observé Pamuksac (2022 : 1), « malgré l’émergence des outils numériques permettant, par exemple, des recherches quantitatives sur des grands corpus, les études existantes sur la modalité sont pour la plupart qualitatives et traitent le plus souvent les différentes valeurs d’un même verbe modal ».

En écartant donc les habituelles catégorisations des exemples d’usages des verbes modaux en fonction des types de modalité véhiculés pour ne se concentrer que sur l’usage, Pamuksac (2022) analyse dans différents corpus, dont la presse, un ensemble de quatre verbes modaux en tant que continuum de sens entre une nécessité d’obligation forte (devoir) et une volonté d’acter manifestée (vouloir) en passant par la possibilité (pouvoir) et ce qu’elle définit comme une forme forte mais impersonnelle de la nécessité (falloir). Nous allons explorer alors pareillement l’usage de ces quatre verbes en question, tout en nous concentrant en particulier sur un continuum que nos outils numériques indiquent dans l’usage des deux modaux centraux pouvoir et devoir dans notre corpus.

L’idée de se concentrer sur un (ensemble de) mot(s) particulier(s) pour étudier les pratiques discursives circulant dans la société s’inspire du cadre de l’Analyse du Discours à Entrée Lexicale (A.D.E.L.) que présentent Née et Veniard (2012). En se basant sur la sémantique des constructions, d’une part, et sur le courant praxéologique en analyse du discours, d’autre part, cette approche vise à cartographier, à la croisée de la société et du langage, et des méthodes quantitatives et qualitatives, l’étendue et les formes des discours ciblés. Or, alors que la praxématique s’est essentiellement concentrée sur l’étude des noms comme catégorie linguistique représentant la réalité « pour nous » dans les usages, notre question est de savoir comment les petits mots entourant ces noms participent à la construction de leurs sémantismes et les définissent dans les usages. En nous concentrant sur les verbes modaux, notre objet d’étude n’est ainsi pas la modalité comme catégorie sémantique (pour ceci, voir DENDALE, AUWERA 2001, entre autres), mais l’usage notamment journalistique de ces vocables, toutes acceptions de sens comprises, dans le contexte de la crise sanitaire, et leur rôle possible dans la représentation et dans la compréhension générale de cette crise. Comme pour Moirand (2021 : 2), l’analyse du discours est pour nous en effet « un programme d’analyse du sens » des mots, soit l’analyse « du sens qu’ils prennent dans leurs cotextes et contextes, mais également du sens social – voire politique – que l’on met au jour, lorsqu’on analyse le comportement verbal des acteurs sociaux intervenant dans les médias ». Dans ce contexte, l’analyse du discours devient « une réflexion sur les discours sociaux en tant que reflets d’une époque […] et en tant que reflets de l’histoire du présent et de l’actualité en train d’être “actée” […] » (MOIRAND 2021 : 2).

La capacité et la volonté d’agir du sujet en tant qu’acteur social a été étudiée comme agentivité dans sa dimension sociale, politique et idéologique (voir CHATAR-MOUMNI et al. 2023 ; MARIGNIER 2015) mais aussi langagière à plusieurs égards (voir HUOTARI, TAIVALKOSKI-SHILOV 2021). En nous concentrant sur l’usage des verbes modaux dans notre corpus discursif, nous proposons d’y mettre au profit l’acception purement linguistique de cette notion, selon laquelle l’agentivité se rapporte à la relation de l’agent avec l’action (DOWTY 1991) et est associée au sujet syntaxique de la phrase comme point de départ de l’action. Au moyen d’un logiciel apte à relever les cooccurrences respectives des mots (SketchEngine), nous allons relever les sujets syntaxiques les plus saillants en cooccurrence avec les verbes modaux en étude, pour examiner ainsi ensuite les actions ou activités introduites par ces verbes en fonction des sujets syntaxiques attestés. En vue de l’interprétation discursive de ces matérieux, c’est cependant toujours l’acception sociale de la notion, au sens de la volonté et de la capacité d’agir de l’actant concerné, qui intéresse l’étude et sera commentée à partir des cooccurrences constituant des routines discursives (TUTIN et al. 2022) et des isotopies de sens (MAYAFFRE 2008) intéressantes du point de vue social. Pour une interprétation linguistique et discursive complète, il faudra certes toujours considérer aussi la dimension énonciative des contextes attestés, le sondage quantitatif ne pouvant que fournir des hypothèses et des exemples saillants. Ce retour toujours necessaire au contexte précis sera effectué dans la discussion de la nature de la crise par les différents agents relevés par le sondage quantitatif.

2. Le corpus et les données quantitatives

Le corpus que nous allons analyser est constitué dans le cadre d’un projet de recherche[2] qui s’est centré sur la représentation journalistique de la crise sanitaire dans les médias. Ce corpus journalistique français est issu de deux grands quotidiens de référence, Le Monde et Le Figaro, et comprend tous les articles de ces journaux ayant utilisé le mot-clé « Covid-19 » au cours de l’année 2020, partitionnés en fonction des mois. Si Moirand (2021) examine la même période dans une variété de titres de presse (BFMTV, Le Parisien/Aujourd’hui en France, Le Monde), notre corpus, avec sa constitution par un relevé exhaustif concernant le mot-clé et sa taille importante, permettra d’apporter un regard précisant la part de grands quotidiens nationaux dans cette crise.

2.1. Les fréquences et les saillances des cooccurrences

Ce corpus comporte 24,3 millions de mots, dont 7,7 millions de mots pour Le Monde et 16,5 millions de mots pour Le Figaro. En tout, le verbe pouvoir s’y présente 70.286 fois et le verbe devoir 56.302 fois. D’autres modaux sont moins fréquents : le verbe vouloir ne s’y présente que 14.964 fois et falloir seulement 7.193 fois. Ceci ne dit certes pas que l’on parle peu de la volonté, moins des obligations et le plus des possibilités dans ce corpus. Il y a bien entendu beaucoup d’autres moyens lexico-syntaxiques pour exprimer le sémantisme en question, et il faut se rappeler par ailleurs que pouvoir est généralement aussi l’un des verbes les plus fréquents en français. La distribution des occurrences reflète donc avant tout les taux de saillance de ces verbes, fort polysémiques en plus, dans l’usage en général. Or, les fréquences de combinaison de ces verbes avec d’autres mots, dans des associations privilégiées dans ce corpus concret, peuvent déjà nous donner des indications sur les rapports de sens qui nous intéressent dans ce corpus.

Afin de pouvoir comparer les fréquences, les requêtes tout comme les corpus différents, il est possible de calculer sur la plateforme SketchEngine, où nous avons téléchargé nos données, le taux d’attraction de cooccurrence (LogDice) entre un terme nœud et son colloquant tout en tenant compte des fréquences respectives de ces mots dans le corpus concret. Par exemple, les 205 cooccurrences de veut + éviter dans notre corpus donnent un LogDice 9,2 alors que le segment de deux mots tous les deux fort fréquents veut + être (400 cas de cooccurrence) est qualifié de LogDice 8,5. C’est ainsi que le LogDice peut indiquer des structures lexico-syntaxiques spécifiques des contextes – des routines discursives thématiques, selon Tutin et al. (2022) –, nonobstant leur fréquence absolue dans le corpus. Parmi le petit nombre d’occurrences du verbe falloir, par exemple, le LogDice élevé (11,2) fait voir une association privilégiée de ce verbe à la voix passive avec une activité également par excellence passive, attendre, dans une structure récurrente il faudra + attendre, ce qui confirme certes avant tout le profil impersonnel de ce verbe dans la langue, mais indique aussi une routine discursive intéressante en vue de la définition de la crise – sans préciser « qui donc doit attendre », le verbe sert donc manifestement dans le corpus surtout à suggérer qu’il n’y a qu’à attendre…

Une étude détaillant les contextes énonciatifs des emplois de ce segment permettrait sans doute de cerner aussi qui seraient les sujets qui doivent attendre, mais continuons avec d’autres modaux, plus nombreux et saillants dans ce sens, qui présentent aussi un avantage linguistique technique d’être associés à un sujet syntaxique, ce qui peut nous renseigner, selon notre hypothèse, sur les éventuelles routines discursives concernant les agents sociaux à cerner dans notre corpus.

2.2. Les agents syntaxiques saillants et les antagonismes de vouloir

Voici un tableau qui indique les sujets nominaux évoqués de manière la plus saillante dans notre corpus en cooccurrence avec les verbes modaux vouloir, devoir et pouvoir.

Tableau 1 : Les nombres d’occurrences et les taux de cooccurrence (LogDice) des sujets nominaux précédant les verbes vouloir, devoir et pouvoir dans le corpus Covid LMLF2020 (fonction WordSketch dans SketchEngine)

À partir de ce tableau, il est d’abord intéressant d’observer que tant pour le nécessaire que pour le possible, il convient toujours de préciser dans la presse ce que doit et peut le gouvernement, la France, les Français, les entreprises et le pays. Dans les évocations de Macron, cependant, il est surtout question de ce que Macron veut ou doit. Enfin, dans les discussions de ce qui se peut, on note aussi des agents inanimés comme crise, vaccin et, en premier lieu, entreprises (ce dernier agent étant évoqué aussi pour ce qu’il doit). Nous allons donc nous concentrer ci-dessous sur ces agents visiblement centraux pour la presse, pour étudier leurs modalités d’agir dans les contraintes définies par la crise.

Avant d’aller explorer le parallélisme notable des emplois de pouvoir et devoir, notre méthode à suivre s’explique le plus facilement à l’exemple des associations thématiques les plus saillantes qui se présentent dans le tableau à l’égard de vouloir : si jamais ce verbe est employé, il y aurait une forte chance que l’on parle de ce que veut le gouvernement (LogDice 9,2) ou Emmanuel Macron (9,1) mais peut-être aussi de ce que les gens veulent (8,8). (Notons cependant que dans le contexte des présidentielles américaines, où les journaux parlent beaucoup aussi de ce que veut Donald Trump (8,1) et veulent les démocrates (7,6), les cooccurrences avec le mot président (8,2) ne peuvent pas toujours concerner M. Macron.)

Pour préciser ces associations relevées, il est toujours possible de retrouver le contexte précis, mais il est possible aussi de cerner des cooccurrences privilégiées ultérieures, telles que <[sujet=Macron+vouloir]+verbe objet ?> indiquées dans le Tableau 2.

Tableau 2 : Les verbes en cooccurrences saillantes avec trois sujets nominaux centraux du verbe vouloir dans le corpus Covid LMLF2020 (nombre de cooccurrences et LogDice)

Les usages privilégiés du verbe vouloir indiqués dans ce tableau fournissent une illustration explicite à l’antagonisme entre les gens, qui veulent rassembler (9,1), revivre (8,1), rire (7,8) et voyager (7,3), d’une part, et le gouvernement, qui veut abolir (8,8), lutter (8,6), modifier (8,5), et restreindre (8,5) et éviter (8,2), d’autre part. Si l’on note encore que le sujet Macron est dit vouloir masquer, instiller, polariser, exhorter, tordre, culpabiliser, etc., les « bienfaits » qu’il aurait voulu assurer au peuple (BAIDER, CONSTANTINOU 2022) ne s’y retrouvent pas autant, c’est en effet un climat de méfiance qui se lit dans la coloration sémantique des verbes, tous d’un sémantisme plutôt contestataire ou désamorçant.

Même si, dans les associations des cooccurrences indiquées à ce second niveau, le nombre des cas de figure n’est pas énorme, leur saillance dans le corpus peut ainsi être jugée comme significative, et le sémantisme semblable des segments indiqués peut constituer des isotopies sémantiques (MAYAFFRE 2008) – des réseaux de vocables interprétables thématiquement du point de vue discursif. C’est la méthode que nous allons suivre également pour les deux autres verbes modaux – devoir et pouvoir – : nous allons cerner les routines discursives (les associations lexico-syntaxiques) et les isotopies sémantiques (les colorations thématiques de ces ensembles) qui les caractérisent, mais pour ne pas encombrer la lecture, seulement les LogDice les plus élevés seront indiqués dans le texte ci-dessous.

2.3. Les sujets constants et les verbes objets de devoir et de pouvoir

Le Tableau 3 résume les activités le plus souvent évoquées comme nécessaires ou possibles pour les agents qui se sont révélés saillants tant pour le verbe devoir que pour le verbe pouvoir.

Tableau 3 : Les verbes cooccurrents avec les sujets les plus saillants de devoir et de pouvoir dans notre corpus Covid-19

Pour résumer les routines discursives qui se dessinent : c’est bien le gouvernement qui doit agir, assurer et savoir, [ne pouvant ni] tergiverser, [ni] ignorer, étant discuté ce qu’il peut dire, imposer, ou éviter. Les entreprises, de leur part, peuvent aussi imposer, proposer, recourir ou proposer, tout en devant fournir, prévoir et (s’)engager. Or, il est à noter qu’alors que la France doit affronter la crise et peut (ou ne peut pas) décider, réaliser et sortir de la crise et que le pays, tout en devant respecter, peut encore devenir, réjouir ou atteindre, le rôle des Français relève essentiellement de devoir continuer d’acheter, rester et demander, les possibilités qui les concernent ne touchant qu’à pouvoir ou ne pas pouvoir voyager, déplacer, se rendre, avec le souci majeur de (ne pas pouvoir) partir (9,7) en vacances ou fêter (10,4) … Est-ce ceci la part des agents citoyens dans la crise ?

3. Discussion des devoirs et des possibilités des agents en vue de la crise

À la lumière de ces données, trois manières de représenter la crise dans les médias peuvent être distinguées.

3.1. Régler la crise par les mots ? Impatience et défiance envers le Président   

Nous avons considéré les volontés contestées du Président Macron (cf. 2.2.), il convient de considérer aussi la modalité de [nécessité] qui s’associe à ses évocations dans le corpus. Selon les verbes introduits par devoir, Macron apparaît surtout invoqué à exercer sa fonction présidentielle de [devoir parler] (cf. MAYAFFRE 2004), mais plusieurs verbes cooccurrents soulignent également à cet égard un composant de sens de [décider], visiblement nécessaire à rappeler : il doit annoncer, adresser, exprimer, présenter, préciser, prendre « position d’une manière ou d’une autre » (LFavril), par exemple « prendre la parole dimanche prochain pour fixer le cap de l’après-Covid » (LFjuin), etc.

La crise continuant, cette sémantique faisant entendre un retardement dans l’activité de décider se complète encore d’un verbe qui attribue à l’énonciateur concerné un retardement également quasi-voulu dans l’activité d’informer : vers l’automne, aussi bien Le Monde que Le Figaro introduisent dans leurs pages le verbe dévoiler. Un article, lors de « sa première longue intervention sur la crise sanitaire depuis le 14 juillet », est intitulé « Face à la seconde vague de Covid-19, Emmanuel Macron devrait dévoiler une série de mesures contraignantes » (LMoct). En novembre, pour Le Figaro, « trois semaines après la mise sous cloche du pays pour tenter d’endiguer la deuxième vague de Covid-19, Emmanuel Macron doit dévoiler ce mardi soir à 20 heures les mesures d’assouplissement du dispositif » et pour Le Monde, « après le fiasco des masques et l’échec des tests », à l’arrivée des vaccins, le Président « devrait également dévoiler les grandes lignes d’une stratégie de vaccination de la population française ».

Ces signes d’attentes qui se font longues entrent dans une résonance presque ironique dans l’énonciation éditoriale alors que les deux journaux citent dans le même temps les propos de M. Macron sur la nature de la crise comme accélératrice des évolutions :

(1) « C’est difficile, car la pandémie est par essence imprévisible et mondiale », dit-il, Selon M. Macron, « il n’y a pas de fatalité. Les crises peuvent être, à la fin, des accélérateurs de progrèsNous devons être au rendez-vous de l’histoire. Et la France a tous les atouts pour l’être » (LFnov ; LMnov)

3.2. La crise qui va se régler ? Les discours et l’anonymat collectif

Les décisions à prendre dépendent de fait aussi des évolutions toujours inconnues en 2020 du problème d’après lequel les mots clés se présentent surtout avec une modalisation en pouvoir : virus, vaccin, situation, crise. Alors qu’on peut résumer les évocations de virus comme [danger qui peut durer] et celles de vaccin comme [solution qui peut arriver], l’emploi du mot crise est plus polyvalent (cf. COURBON 2010 ; VENIARD 2013). D’une part, la crise peut négativement perturber (9,2/3), aggraver, entraîner, coûter, durer, d’autre part, elle peut en effet aussi accélérer (9,0/7) des évolutions (tant positives que négatives), à savoir, par exemple, favoriser une réconciliation, une prise de conscience, ou encore un « retour au bon sens »:

(2) l’Europe est une association d’États souverains et qu’on ne peut pas aller au-delà », explique Arnaud Danjean. La crise peut selon lui favoriser un « retour au bon sens ». C’est-à-dire un aggiornamento des institutions européennes (LFavril).

L’analyse et la discussion des évolutions possibles font partie de la dynamique d’un événement dramatique dans la société (MOIRAND 2007, mais comme l’a bien montré VENIARD 2023) citée ci-dessus, c’est justement une discussion abstraite, sans agents précis pour effectuer, en l’occurrence, dans l’exemple ci-dessus, ce « retour » dans les institutions en question.

Les analyses et les interviews avec des intellectuels (et des artistes) donnant leur point de vue sur la crise et sur « leur » confinement auraient même d’ailleurs été, selon Moirand (2021), l’un des aspects sur-représentés dans les médias français lors du premier confinement du moins, tandis que ces médias auraient plutôt manqué la part « d’interviews de ces “invisibles”, qu’on croisait cependant dans les transports en commun, ou à vélo dans les rues, pressés d’aller travailler ou d’aller livrer repas ou colis » (MOIRAND 2021 : 27). Ce type d’agents manquent en effet également comme catégorie dans notre Tableau 3, mais essayons de les chercher par un outil langagier adapté notamment à représenter un anonymat collectif : les pronoms personnels collectifs.

Par un pronom collectif, un Français moyen peut se ranger sous un ils (ou elles) anaphorique, s’accorder à un on, le pronom prédominant pour pouvoir dans les usages selon Pamuksac (2022), ou encore s’associer à un nous semblant « également important » surtout dans la presse selon la même auteure. Selon les routines discursives indiquées par le LogDice en ce qui concerne les associations privilégiées avec le verbe vouloir, un antagonisme clair se manifeste encore une fois, dans cet ensemble, entre nous et on qui veulent avant tout éviter [le danger] (9,0 et 8,9), avec elles qui veulent sécuriser (10,5/2), d’une part, et ils qui veulent déjouer (9,7/6), commander (8,5/3) et participer (7,9/4), d’autre part.

Or, considérons aussi ce que doivent ou peuvent ces agents abstraits dans la presse de la crise sanitaire.

Tableau 4 : Les verbes cooccurrents avec les pronoms nous/on/ils/elles + devoir/pouvoir dans le corpus Covid-19

Cerner la référence précise de ces pronoms dans les emplois concrets nécessiterait certes une analyse complexe des relations de discours rapporté, des sujets invoqués dans le contexte, etc., mais à regarder simplement le profil rhétorique de ces pronoms en tant qu’agents sociaux, tous types de référence compris, le générique ils sert à décrire surtout les activités du citoyen de devoir rester, garder et payer, les elles devant en plus supporter et assurer. Les deux peuvent bénéficier et télétravailler. Dans l’ensemble, c’est nous qui doit agir et peut dire et permettre, alors qu’on se présente plutôt avec des activités passives comme attendre, rester, adapter comme devoir, avec des possibilités de demander et de lire et, au mieux, d’imaginer et d’espérer…  D’après les isotopies, le nous est ainsi plutôt celui des dirigeants qui invitent le citoyen à agir par des formules solennelles (le fameux « Nous sommes en guerre » macronien), la masse anonyme des ils et elles étant concernée pareillement par continuer et bénéficier, alors que le on, dans son caractère plutôt oral et familier, intervient dans les témoignages et implique davantage l’agent qui correspond par ailleurs au pluriel des Français dont le souci majeur s’était révélé de (ne pas) pouvoir voyager ni fêter (cf. 2.3). C’est dans ce contexte que se discute son « civisme » :

(3) Un match entre le Bayern Munich et l’Olympique lyonnais. « C’est un événement exceptionnel. Nous allons mettre en place des fan-zones, avec un encadrement spécifique. Le sport doit rester une fête, mais en responsabilité. On peut fêter, mais on doit adapter sa manière de fêter et de célébrer. J’en appelle au civisme », avait-elle [la ministre des sports Roxana Maracineanu] déclaré. Des propos qui ont indigné à la Mairie de Paris, opposée à de tels rassemblements. « Il ne faut pas que ce soit la fête du Covid […] » (LMaoût).

3.3. Régler la crise dans les faits : l’ordre des entreprises

Enfin, un agent saillant dans notre premier tableau, entre les évocations du gouvernement et la masse de Français, était aussi le segment les entreprises. Un avis rapide proposerait que ce soit surtout Le Figaro qui évoque cet actant social, mais le nombre des occurrences par journal (14.843 dans Le Figaro et 6.609 dans Le Monde) correspond de fait aux proportions du corpus dont les deux tiers sont issus du LF et le tiers seulement du LM. La représentation du rôle de cet agent social diffère toutefois en fonction du titre concerné.

Dans LM, les thématiques traitées concernent plutôt les dispositifs d’évitement de chômage, dont un exemple qui met en avant le fait de pouvoir de nouveau accueillir les salariés :

(4) Depuis que les entreprises peuvent de nouveau accueillir leurs salariés et le public, elles ont dû mettre en place un protocole sanitaire pour respecter des conditions d’hygiène qui permettent de limiter la propagation de l’épidémie (LMsept).

Dans LF, c’est davantage l’activité économique en soi qui est discutée. Les mois de mars et avril voient les tribunes économiques du Figaro discuter d’une nécessité de « revoir notre modèle de développement », et de « relocaliser et de lancer une réindustrialisation verte de l’économie française », où « [c]ette crise doit devenir notre moment gaullien » (LFavril). Vers l’automne, cependant, le verbe devoir n’apparaît en cooccurrence avec crise que dans les constructions négatives, décrivant plutôt les défis économiques où « la crise ne doit pas être l’occasion pour nos concurrents » ni « mettre au second plan des ambitions » de transformation :

(5) Airbus, etc… Cette crise ne doit pas être l’occasion pour nos concurrents chinois et américains de nous sortir du jeu (LFoct)

L’essor des soucis plus économiques que sanitaires lors de la deuxième vague de la pandémie a été mis en évidence et détaillé dans notre corpus par Maurer (2023). Comme l’observe également Moirand (2021 : 25) à partir d’autres médias français dans la même période, « [p]aradoxalement, au fil du temps, la crise sanitaire s’efface derrière la crise économique et on assiste souvent à une remise en cause du monde politique. » Rappelons dans ce contexte les routines discursives utilitaristes saillantes que le corpus a révélées pour décrire les Français, c’est-à-dire d’évoquer leur devoir de dépenser et leur potentiel de pouvoir acheter.

Pour résumer l’ensemble des évocations des verbes modaux en cooccurrence avec entreprise(s), cet actant social d’importance donc considérable pour les deux journaux peut imposer, recourir ou proposer, tout en pouvant bénéficier ou compter sur pour fonctionner, avec un devoir d’engager, de fournir, de prévoir, etc. Il s’agit d’un vocabulaire bien plus actif qu’à propos des Français en général et plus concret qu’à propos de la France comme actant plutôt abstrait. Avec un pays qui doit affronter et peut investir et atteindre, les entreprises apparaissent ainsi représentées dans ces journaux comme un nœud actionnel de fait, faisant fonctionner la société par leurs intérêts et nécessités, sans trop de paroles, tout en étant concernées par des engagements variés. Même si la négociation des engagements réciproques a une fonction importante dans la culture française du travail (D’IRIBARNE 1989), cet aspect contribue à son tour à construire une image plutôt passive des citoyens dans le corpus étudié.

Pour conclure

L’article a proposé une lecture interprétative des cooccurrences quantitativement saillantes concernant les principaux verbes modaux français dans un corpus de presse issu du Monde et du Figaro en 2020. Alors que dans les conditions de la crise sanitaire en cours, les volontés d’acter évoquées en cooccurrences avec vouloir se sont révélées clairement antagonistes entre le gouvernement et les gens et qu’une nécessité impersonnelle évoquée de manière saillante par le verbe falloir suggérait qu’il fallait surtout attendre, le gouvernement, la France, les Français, le pays, mais aussi les entreprises apparaissaient être les principaux agents discursifs qu’il convenait d’évoquer tant dans le nécessaire que pour le possible par les principaux modaux devoir et pouvoir. Si le gouvernement devait et pouvait agir, le Président Macron était évoqué surtout pour une nécessité faisant défaut d’énoncer des décisions. Comme agents qui règlent la crise de fait apparaissent ainsi plutôt les entreprises, qui sont évoquées surtout pour leurs divers engagements, alors que les principales routines discursives concernant les Français semblent relever de devoir ou pouvoir acheter, dépenser, partir et fêter. Un devoir d’attendre et de s’adapter et/ou une possibilité d’espérer se rajoutent à ce profil dans un anonymat collectif représenté par le pronom collectif on, tandis qu’un nous qui agit semble demeurer plutôt dans les formules solennelles qui permettent et disent l’action.

Certes, les mesures appliquées dans la crise sanitaire étaient extrêmement passivantes pour toute la société et le rôle des médias est toujours aussi d’apporter un regard critique, mais en discutant de l’essence de la notion de crise, déjà Courbon (2010) remarque que selon Ait Ouarab-Bouali (2008 : 4), « telle qu’elle est appliquée aujourd’hui, [la gestion de la crise] encourage la passivité et fait du citoyen un “éternel assisté” » et trouve que « [l]es formes de prise en charge par les pouvoirs publics des infortunes collectives des citoyens a pour effet direct la désimplication de personnes qui, autrement, eussent été en mesure d’agir pour résorber la crise ». Pour éviter un climat d’éloignement et de déresponsabilisation, un défi dans les crises actuelles serait alors de mieux considérer aussi la représentation des obligations et des possibilités d’agir de cette masse de citoyens dont la part se relève plutôt passive dans notre corpus. Les pistes langagières explorées ici ne sont qu’un des moyens pour inviter à élargir cet horizon.

 

Références bibliographiques

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[1] La recherche pour cet article a bénéficié d’un financement par le Conseil estonien de la recherche, au titre du projet PRG 934 « Imaginer l’ordinaire de la crise » (“Imagining Crisis Ordinariness”).

[2] Le corpus en question a été constitué pour le projet financé par le Conseil estonien de la recherche PRG934 « Imaginer l’ordinaire de la crise » (“Imagining Crisis Ordinariness”), dirigé par la Professeure Raili Marling. Le travail pour le volet français de ce corpus a été effectué et coordonné par l’assistante de recherche Liina Maurer. Nous remercions également tous les autres assistants et aides qui ont contribué à ce projet.

 


Per citare questo articolo:

Marge KÄSPER, « Pourrons-nous agir ou doit-on attendre ? Les verbes modaux dans la communication journalistique de la crise sanitaire », Repères DoRiF, n. 29 – Discours autour de la pandémie : configurations interdiscursives et diatopiques d’un fait de crise en évolution, DoRiF Università, Roma, aprile 2024, https://www.dorif.it/reperes/marge-kasper-pourrons-nous-agir-ou-doit-on-attendre-les-verbes-modaux-dans-la-communication-journalistique-de-la-crise-sanitaire/

ISSN 2281-3020

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