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Maria CENTRELLA

 

Biodiversité et changement climatique : une analyse de leur présence dans le discours de la campagne présidentielle française de 2022 sur Twitter

 

 

Maria Centrella
Università di Napoli “L’Orientale”
mcentrella@unior.it


Abstract
In recent years, the themes of biodiversity and climate change have emerged as crucial issues in the contemporary political landscape. This study looks at the presence and impact of the terms biodiversié and changement climatique in the discourse of politicians during the 2022 French presidential election campaign, specifically on the social network Twitter – now X – which represents a “counter-public space” in the contemporary media landscape. By analyzing the tweets of the main candidates in this presidential election, we will be able to understand, through these condensed messages, the importance of these issues in their political discourse and the semantic value attributed to these terms within the conceptual networks specific to each candidate.

Résumé
Ces dernières années, les thèmes de la biodiversité et du changement climatique ont émergé comme des enjeux cruciaux dans le paysage politique contemporain. Cette étude se penche sur la présence et l’impact des expressions biodiversité et changement climatique dans les discours des politiques durant la campagne électorale pour l’élection présidentielle française de 2022, spécifiquement sur le réseau social Twitter – aujourd’hui X – qui représente « un contre-espace public » dans le paysage médiatique contemporain. L’analyse des tweets des principaux candidats à cette élection présidentielle permettra de comprendre, à travers ces messages condensés, quelle importance ces questions revêtent dans leur discours politique et quelle valeur sémantique est attribuée à ces termes au sein des réseaux conceptuels propres à chaque candidat.


 

 « La parole publique n’est jamais innocente lorsqu’elle s’empare des enjeux climatiques ;
toutefois, sa visibilité et son impact sont nécessaires pour participer à la normalisation de
ces sujets dans l’espace médiatique et citoyen ».

(WAGENER 2023 : 106)

 

Introduction

Ces dernières années, les thèmes de la biodiversité et du changement climatique ont émergé comme des enjeux cruciaux dans le paysage politique contemporain. Leur omniprésence dans les discours politiques, en particulier lors des campagnes électorales, reflète l’importance croissante accordée à ces questions, qui sont de plus en plus médiatisées à travers les plateformes de médias sociaux.

Dans cette étude nous nous pencherons sur la présence et l’impact des termes biodiversité et changement climatique dans les discours des politiques durant la campagne électorale pour l’élection présidentielle française de 2022. Notre analyse se concentrera sur un médium spécifique, le réseau social Twitter – aujourd’hui X – qui est un espace inter-discursif et dialogique de premier plan dans le paysage médiatique contemporain, de sorte qu’il peut représenter, selon la définition de Mercier (2017 : 117-121), « un contre-espace public ».

Nous examinerons un corpus des tweets émanant des principaux candidats à cette élection présidentielle, pour essayer de comprendre, à travers ces textes dont la longueur si réduite oblige à condenser le message politique proposé, quelle place ces questions occupent dans leur discours politique, en nous interrogeant également sur la valeur sémantique attribuée à ces mots au sein des réseaux conceptuels propres à chaque candidat.

1. Technologie discursive d’un « contre-espace public »

Lancé en 2006 sous le nom de Twitter et dénommé X à partir de juillet 2023, ce réseau de microblogging est devenu en l’espace de quelques années un élément essentiel du paysage médiatique, nécessairement intégré dans les stratégies de communication des acteurs politiques, ce qui a fait de cette plateforme, selon la définition de Mercier (2017 : 117-121), « un contre-espace public ». L’utilisation de ce réseau par les politiques vise d’une part à gérer leur propre image et leur propre communication et d’autre part à créer une relation moins formelle et plus directe avec les citoyens. Ce processus de désintermédiation a amené la twittosphère à jouer un rôle important dans la redéfinition de « l’écologie globale des médias », en posant aux acteurs de la politique, du journalisme et des médias un ensemble d’enjeux et de questions que Valeriani (2011) synthétise dans l’expression « Twitter factor ».

Étant à la fois une plateforme de microblogging et un réseau social, Twitter constitue un exemple réussi d’hybridation et en même temps un espace où de nombreuses formes d’hybridation peuvent être observées : d’une hybridation du médium à une hybridation communicative, d’une hybridation informative à une hybridation relationnelle, jusqu’à une hybridation entre la dimension publique et privée (BENTIVEGNA 2014 : 37). En outre, Marinelli (2013) observe dans cet espace des traces d’hybridation entre les pratiques de la culture populaire et celles de la culture politique, qui se manifestent aussi bien dans des lectures ironiques ou désacralisantes des questions politiques que dans la construction d’un flux d’informations passant sans faille de sujets de nature politique à des sujets de sport ou de musique. Enfin, les nouvelles relations qui s’établissent entre les acteurs de l’écosystème des nouveaux médias introduisent des formes d’hybridation au sein du système d’information et affaiblissent encore plus les frontières entre l’information, l’actualité et le divertissement. En même temps, une relation intéressante émerge entre Twitter et la télévision : d’une part, la télévision est utilisée dans les tweets des politiques comme un médium de résonance et de mise en scène de soi et de son parti ; d’autre part, Twitter exploite la télévision comme source d’événements qui alimente des débats se prolongeant hors écran télévisuel (NOVELLO PAGLIANTI, VILLA 2018 : 82-84).

Néanmoins, cette présence médiatique des acteurs politiques sur ce réseau ne semble pas avoir révolutionné en profondeur leurs relations avec les internautes : si Spina (2012 : 120-139) montre que, dans les premières années, chez les politiques italiens l’attitude à exploiter le caractère dialogique et conversationnel de ce réseau est forte, Roginsky et De Cock (2015), en conduisant une enquête sur la campagne électorale européenne de 2014, soulignent l’aspect éminemment autopromotionnel des échanges discursifs des candidats sur Twitter. Alors que Bentivegna (2015 : 121-127) considère Twitter comme un lieu où se réalise « la mise en scène de la politique », où se construit sa représentation, Junger et Bachotte (2018) montrent l’utilité de ce réseau pour les candidats ayant moins de visibilité, auxquels il offre « une fenêtre de visibilité médiatique ». Mercier (2017 : 122-126) met encore l’accent sur le caractère de Twitter comme « espace protestataire », polémique – ce qui est également remarqué par d’autres études (VIDAK, JACKIEWICZ 2016 ; JACKIEWICZ 2016) –, en le considérant, en outre, particulièrement propice aux manipulations. Missaglia (2018), en analysant les élections européennes de 2014 en Italie, montre que les réseaux socionumériques comme Twitter encouragent un storytelling où l’émotion, la recherche de l’empathie sont massivement présentes et remarque, en outre, l’utilisation de Twitter dans le but de consolider ce que le marketing appelle Brand Identity, qui est utile pour la construction et l’amélioration de la réputation, et pour le rapport avec l’électorat.

Du point de vue discursif, nous pouvons constater l’émergence de nouvelles formes de communication politique au sein de ce réseau socionumérique, ce qui amène Longhi (2013) à parler du tweet politique comme d’un genre de discours spécifique. En effet, de par ses contraintes matérielles et technologiques, ce réseau véhicule des formes qui peuvent devenir des « petites phrases » sur le plan discursif, et s’accompagner d’une intensité sémantique originale, par condensation et décontextualisation partielle, voire une recontextualisation par les moyens technologiques (que Longhi (2013) appelle « techno-contextualisation »)[1].

La communication sur ce réseau se réalise à travers le tweet, qui est, selon Paveau (2017 : 339), « un énoncé plurisémiotique complexe, limité à 140 signes, fortement contextualisé et non modifiable, produit nativement en ligne sur la plateforme de microblogging Twitter ». Paveau (2017 : 346) définit le tweet comme une technologie discursive qui exploite plusieurs catégories de formes langagières, technolangagières, iconiques et technographiques[2] :

  • des formes linéaires sans caractéristiques technolangagières autres que l’inscription dans un environnement numérique ;
  • des symboles, des formes iconiques, des émoticones, des émojis ou des formes issues de l’Art ASCII non cliquables ;
  • des technomots cliquables comme le hashtag, permettant la redocumentarisation d’un thème ou d’un événement, et le pseudo marqué par l’arobase @, permettant de renvoyer au compte du twitteur ;
  • des mots-consignes cliquables (les propositions du menu déroulant) ;
  • des hyperliens (URL) cliquables, souvent réduits via des outils spécifiques, qui permettent d’accéder à d’autres écosystèmes et qui, dans le cas de la presse en particulier, embarquent une illustration dans le corps du tweet ;
  • des photographies, y compris des captures d’écran ;
  • des gifts ;
  • des vidéos.

2. Présentation du corpus et méthodologie de recherche

Pour cette étude nous avons analysé un corpus de tweets postés sur les comptes officiels des six principaux candidats à l’élection présidentielle française de 2022 :

  • Jean-Luc Mélenchon (candidat de La France insoumise) – @JLMelenchon [Mélenchon_Tw_2022]
  • Anne Hidalgo (représentante du Parti socialiste) – @Anne_Hidalgo [Hidalgo_Tw_2022]
  • Emmanuel Macron (Président sortant et candidat d’En marche) – @EmmanuelMacron [Macron_Tw_2022]
  • Valérie Pécresse (candidate des Républicains) – @vpecresse [Pécresse_Tw_2022]
  • Marine Le Pen (présidente du Rassemblement national) – @MLP_officiel [MLePen_Tw_2022]
  • Éric Zemmour (candidat de Reconquête) – @ZemmourEric [Zemmour_Tw_2022]

Notre objectif étant d’analyser la présence des thèmes de la biodiversité et du changement climatique à l’intérieur d’un discours de campagne pour l’élection présidentielle plus général et multithématique, nous n’avons pas inclus dans notre corpus d’analyse les tweets du candidat du parti écologiste, Yannick Jadot, dont le discours est principalement centré sur la thématique écologique. En général, comme le souligne Daniel Boy (2022 : 191), bien que l’élection présidentielle ne soit généralement pas une « bonne élection » pour les Verts, celle de 2022 a été une occasion majeure de diffusion des idées écologistes. Cependant, selon Boy (2022 : 201), la séquence électorale présidentielle-législatives 2022 a vu le parti Europe Écologie Les Verts perdre « le monopole de représentation de l’écologie politique », contesté avec succès par La France insoumise, une part de l’électorat ayant cédé à la tentation d’un vote de précaution en faveur de Jean-Luc Mélenchon.

Le corpus des tweets des candidats sélectionnés a été analysé pour la période qui va d’avril 2021 à avril 2022, recouvrant la dernière année de campagne électorale pour l’élection présidentielle, ainsi que les premières réactions après le vote, pour un total de 17 946 tweets. Ce corpus nous a été fourni par l’équipe de recherche UNIOR NLP Research Group dirigée par Johanna Monti au sein du Département d’Études littéraires, linguistiques et comparées de l’université de Naples « L’Orientale »[3]. Le corpus sélectionné a été organisé en classant les tweets de chaque candidat par date de parution, avec des sections dédiées aux mentions et hashtags, ainsi que le lien permanent de chaque tweet sur les comptes des différents candidats. Une analyse de ce corpus a été conduite en utilisant l’extraction automatique de données linguistiques à l’aide du logiciel Antconc (version 4.2.4). En permettant la recherche par des mots spécifiques, avec leurs occurrences fournies en contexte, Antconc a été interrogé pour extraire la liste des cooccurrences[4] des expressions biodiversité et changement climatique, les clusters, ainsi que les nuages de mots, offrant ainsi une première analyse quantitative. Dans le cadre de cette étude, nous avons privilégié l’examen des formes linéaires, ainsi que celui de certains technomots, des tweets sélectionnés, en laissant de côté, pour l’instant, les formes iconiques et technographiques, qui pourront faire l’objet d’une réflexion successive.

Ensuite, notre analyse s’est enrichie dans une perspective qualitative à l’aide du logiciel Iramuteq[5], employé notamment pour obtenir des représentations thématiques et sémantiques des mots utilisés par les différents candidats. Cela nous a permis de mettre en évidence comment les mots et les idées interagissent dans le discours des différents candidats et comment les significations sont construites et organisées dans leur communication sur ce réseau social.

3. Biodiversité

Le mot biodiversité, calque de l’anglais biodiversity qui s’est diffusé après le Sommet de la Terre de Rio en 1992, constitue selon Reboul-Touré (2020) et Cislaru et al. (2008 : 3) un « mot-témoin »[6], faisant partie de « ces mots qui montrent l’évolution de la société avec une émergence remarquable » (REBOUL-TOURÉ 2020 : 17). L’émergence de ce mot, ainsi que de la formule[7] diversité biologique, qu’il a fini par substituer au fil des années, est étroitement liée, d’après Chandelier, Diwersy et Paissa (2020 : 10), à la médiatisation croissante de la crise environnementale.

Le terme biodiversité désigne la « diversité des organismes vivants, qui s’apprécie en considérant la diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que l’organisation et la répartition des écosystèmes »[8]. Elle englobe la diversité des espèces (le nombre et la variété des différentes espèces d’organismes vivants) ; la diversité génétique (la variation des gènes au sein de chaque espèce, qui permet l’adaptation et l’évolution) ; l’organisation et la répartition des écosystèmes (la manière dont les écosystèmes sont structurés et répartis sur la planète, incluant les interactions entre les différentes espèces et leur environnement). La préservation de la biodiversité est considérée comme une composante essentielle du développement durable (PAISSA 2018), qui vise à répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs : elle joue un rôle clé dans cet équilibre écologique et socio-économique (PARRENIN, VARGAS 2020 ; RAKOTONOELINA, REBOUL-TOURÉ 2020).

La figure 1 présente la fréquence du terme biodiversité dans le corpus de tweets des candidats sélectionnés :

Fig. 1 – Fréquence de biodiversité dans les corpus des candidats

Emmanuel Macron se distingue par son usage fréquent du terme biodiversité, avec 13 occurrences. À l’opposé, les candidats de droite Valérie Pécresse, Marine Le Pen et Éric Zemmour l’emploient chacun seulement deux fois. Parmi les candidats de gauche, Anne Hidalgo utilise ce terme à sept reprises, légèrement plus souvent que Jean-Luc Mélenchon, qui l’a mentionné cinq fois. Un examen des cooccurrences du mot et des graphes de similitude nous permettra de raffiner notre analyse en observant des associations particulièrement significatives entre biodiversité et d’autres mots. Cela nous fournira un éclairage ultérieur sur la manière dont chaque candidat utilise ce terme dans son discours.

Dans le corpus de tweets d’Emmanuel Macron, l’examen des collocations et du cluster de mots fournis par Antconc révèle une association significative de biodiversité avec le substantif protection et les adjectifs notre et marine. De plus, l’observation du nuage de mots issu de biodiversité nous permet d’associer encore les mots climat, action, efforts, combat, bien qu’ils ne soient pas en cooccurrence immédiate avec biodiversité.

L’analyse du graphe de similitude offre une perspective ultérieure sur les liens sémantiques que Macron construit autour du mot, qui est associé, d’un côté, à l’adjectif climatique et, de l’autre côté, au substantif océan.

Fig. 2 – Graphe de similitude du mot biodiversité dans Macron_Tw_2022

Dans le discours twittérien de Macron, biodiversité est employé de manière générale en relation avec un programme d’actions et de politiques climatiques, tout en étant également évoqué dans un contexte plus spécifique concernant l’équilibre entre écosystèmes marins et activité humaine, comme la pêche :

1. C’est une nécessité : nous devons réinventer nos politiques commerciales pour qu’elles soient cohérentes avec nos politiques climatiques et de biodiversité.

2. Nous n’avons rien lâché sur le climat. En Européens, nous avons pris des objectifs forts pour 2030. Et le combat que nous menons pour la biodiversité a pris un tournant majeur avec le One Planet Summit. Nous allons poursuivre, renforcer, accélérer !

3. Retrouver une vie normale, cela ne doit pas signifier retrouver la vie d’avant. Car elle nous a conduit aux crises que nous traversons. La pandémie, les inégalités de destin, les conséquences de nos actions sur le climat et la biodiversité. C’est à nous d’écrire le jour d’après.

4. Si nous voulons réussir le défi climatique, nous devons accélérer sur la protection de la biodiversité. Le combat est le même. Nous avons engagé l’action au #OnePlanetSummit en janvier. Les rendez-vous sont fixés. Nous devons le faire.

5. Nous allons aussi conjuguer nos efforts en matière climatique et de préservation de la biodiversité, ainsi que sur le numérique.

6. Préserver la végétation sous-marine est l’une des solutions concrètes face au réchauffement climatique. Nous lançons aujourd’hui une coalition pour le carbone bleu, pour identifier et financer des actions en faveur de notre biodiversité.

7. La protection de la biodiversité marine se fera avec et pour nos pêcheurs.

Ces exemples illustrent par ailleurs une prédominance de la dimension collective dans les discours de Macron, mise en évidence par l’utilisation d’un « nous » inclusif accompagné de verbes déontiques (devoir). Cette combinaison souligne l’obligation et la « nécessité » d’une action concrète pour préserver la biodiversité.

Dans le corpus de tweets de la candidate socialiste Anne Hidalgo, l’examen des collocations et du cluster de mots révèle une association significative de biodiversité avec les substantifs préservation et protection, l’adverbe urgemment et les verbes protéger et nécessiter. De plus, l’observation du nuage de mots issu de biodiversité nous permet d’associer encore d’autres mots, bien qu’ils ne soient pas en cooccurrence immédiate avec biodiversité : les substantifs climat avec son dérivé climatique, crise, influence, intérêts, défi, mobilisation, et encore les verbes changer et agir.

L’analyse du graphe de similitude montre le mot biodiversité au centre entre deux pôles, d’un côté, l’adjectif climatique et, de l’autre, le substantif avenir ; il s’agit de deux pôles autour desquels se construit le discours de la candidate socialiste sur la biodiversité.

 

 

Fig. 3 – Graphe de similitude du mot biodiversité dans Hidalgo_Tw_2022

D’un côté, Hidalgo semble davantage solliciter des études scientifiques pour dénoncer l’urgence de protéger la biodiversité, rattachée à un phénomène majeur, le changement climatique, dont les conséquences peuvent s’avérer dramatiques :

8. Le rapport du #GIEC est alarmant. Les conséquences directes sur nos vies sont et seront dramatiques. Sortons de l’inaction climatique et agissons urgemment pour protéger notre biodiversité. Ensemble, changeons d’avenir.

9. Au Congrès mondial de la nature à Marseille, Paris et de nombreuses villes du monde entier ont plaidé pour être membres à part entière de l’@IUCN. La lutte pour le climat et la préservation de la biodiversité nécessitent la mobilisation de toutes et de tous.

10. L’Union européenne est forte quand elle est unie. Elle doit nous permettre de maîtriser notre avenir face aux grands défis de notre siècle comme le changement climatique, la crise de la biodiversité, ou encore l’influence des multinationales.

D’autre coté, son discours est un appel à la « lutte », à la « mobilisation » pour relever l’un des « grands défis de notre siècle », supporté par la conviction que l’on peut « concilier » les intérêts des Français avec la préservation de la biodiversité :

11. Je crois en l’avenir de la pêche française. Je crois en notre capacité de concilier les intérêts de nos pêcheurs, la qualité de notre alimentation, la biodiversité, la préservation des ressources et notre souveraineté alimentaire.

12. Nouveau comité de pilotage baignade en Marne et en Seine, aux côtés du @Prefet75_IDF, @Celia_Blauel, @cbrossel et @PierreRabadan. Face au réchauffement climatique, la baignade sera un héritage exceptionnel des JOP de #Paris2024, tout en protégeant mieux la biodiversité.

Cet aspect d’alarme et d’urgence est particulièrement évident dans le corpus de tweets de Jean-Luc Mélenchon, où l’examen des collocations et du cluster de mots révèle une association significative de biodiversité avec le substantif effondrement, l’adjectif consternant et les verbes disparaître et préserver. L’observation du nuage de mots issu de biodiversité nous permet d’associer encore les substantifs responsabilité et agriculture, bien qu’ils ne soient pas en cooccurrence immédiate avec biodiversité[9].

Le sentiment d’urgence et de consternation se conjugue ici avec l’idée de « responsabilité » de l’homme envers la nature, les écosystèmes et, en fin de compte, envers les générations futures, pour le monde qu’il leur laissera en héritage :

13. La biodiversité disparaît. C’est consternant. J’ai une petite fille et je me demande dans quel monde va-t-elle vivre ? #PolÀTable

14. La cause des êtres humains ne peut se séparer de la cause des animaux. Notre espèce a une conscience extrêmement avancée. Cela lui donne une responsabilité vis-à-vis de toute la biodiversité.

Selon Mélenchon, l’homme peut assumer cette responsabilité en rejetant la recherche indiscriminée du profit économique en faveur d’un modèle durable, en préférant, par exemple, des systèmes agricoles traditionnels permettant l’économisation de l’eau au « modèle de l’agrobusiness » de l’agriculture intensive :

15. Visite d’une exploitation maraîchère bio. Là encore, l’eau est un enjeu. Ici, on utilise l’irrigation gravitaire pour arroser les plantations. L’évaporation est moindre qu’un système par aspersion. Un moyen – pourtant ancien ! – d’économiser l’eau et de préserver la biodiversité.

16. Le modèle de l’agrobusiness engendre le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité. L’Union populaire portera une agriculture paysanne pourvoyeuse d’emplois et qui assure l’indépendance alimentaire de notre pays. @BenedictTaurine #MelenchonToulouse

17. Il faut protéger la biodiversité face aux problèmes de la Montagne d’or. Si je suis élu, nous n’accepterons pas les tribunaux d’arbitrage : ils ont condamné l’Australie à payer les cigarettes qu’ils ne fumaient pas et les Allemands, l’uranium qu’ils n’utilisaient pas. #RadioPeyi

Dans le corpus de Valérie Pécresse, seuls deux tweets contiennent le mot biodiversité, qui est associé au substantif protection, au sigle UICN et au verbe défendre. À un examen plus approfondi, ces tweets se révèlent de simples commentaires sur l’action de l’UICN France (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) ; néanmoins, cela indique l’importance réduite que la candidate de l’UMP accorde à cette thématique :

18. L’@IUCN vient de décider de s’ouvrir aux territoires. Ainsi les collectivités pourront joindre leurs forces à celle des États et des ONG pour défendre la #biodiversité. Comme promis, l’@iledefrance est aujourd’hui la première région du monde à demander à adhérer à l’@UICNFrance

19. Au Congrès mondial de la nature de #UICN à Marseille, je rappelle les puissants résultats de l’Île-de-France en matière de protection de la biodiversité et j’appelle avec @martinevassal à un accord « zéro rejets plastiques 2025 » en Méditerranée.

Bien que le corpus de Marine Le Pen ne comporte également que deux tweets mentionnant le terme biodiversité, ceux-ci revêtent une importance accrue. En effet, ils s’inscrivent dans le vif débat sur l’installation d’éoliennes en mer, une thématique majeure durant la campagne présidentielle de 2022, un sujet qui a également animé les échanges entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron lors du débat de l’entre-deux-tours. Dans ces deux tweets, le terme biodiversité est associé aux syntagmes navire de forage, usine éolienne, aux expressions nuisance sonore et impact dramatique, désignant les effets négatifs des éoliennes, et au verbe perturber, renforcé par l’adverbe fortement, indices du jugement fortement négatif que Le Pen porte sur la question :

20. Le navire de forage perturbe fortement la biodiversité et crée des nuisances sonores insupportables pour les habitants. Ce projet est rejeté par une grande majorité des Bretons, il faut y mettre un terme.

21. L’impact de ce projet d’usine éolienne en mer sur le tourisme, l’immobilier, la pêche, la biodiversité et les paysages est dramatique. Présidente de la République, j’y mettrai fin immédiatement.

Deux occurrences du terme biodiversité émergent également dans le corpus de tweets d’Éric Zemmour :

22. Je protègerai l’environnement et la biodiversité exceptionnels des Outre-mer. #OutreMerAvecZemmour #ZemmourProgramme

23. Je n’opposerai jamais nos traditions au lien merveilleux entre l’homme et l’animal. Sans nos paysans, nos pêcheurs, nos ruraux, qui pour préserver notre biodiversité ? Je combats la maltraitance animale : je serai toujours du côté des amoureux de la nature.

Dans le premier tweet, le mot est associé aux substantifs environnement et Outre-mer, et à l’adjectif essentiel. Dans le second tweet, il est associé au verbe préserver et aux substantifs paysans, pêcheurs, ruraux, introduits pas le possessif nos, décrivant ainsi les acteurs de cette action. Ce politique, qui met davantage en avant le « je » dans son énonciation, se dit « toujours du côté des amoureux de la nature », en prônant pour un équilibre entre l’activité humaine des travailleurs français (« nos paysans, nos pêcheurs, nos ruraux ») et la nature, au nom d’un lien « merveilleux », bien que légèrement idéalisé, entre l’homme et l’animal.

4. Changement climatique

La formule changement climatique, qui a été officialisée en France par la Commission générale de terminologie et de néologie en avril 2009, désigne la « variation du climat due à des facteurs naturels ou humains »[10]. Son utilisation est essentielle pour désigner une question écologique fondamentale de notre époque, avec des implications profondes sur notre environnement et de nos sociétés : impacts environnementaux (hausse des températures moyennes, fonte des glaciers et des calottes polaires, élévation du niveau des mers, modification des régimes de précipitations, augmentation de la fréquence et de l’intensité des phénomènes météorologiques extrêmes) ; impacts sur la biodiversité (perturbations des habitats naturels, extinction d’espèces, déplacement des populations animales et végétales, acidification des océans affectant la vie marine) ; impacts socio-économiques (menace sur la sécurité alimentaire et l’approvisionnement en eau, risques pour la santé, déplacements de populations, impacts économiques sur l’agriculture, la pêche, le tourisme et les infrastructures).

La figure 4 présente la fréquence de la formule changement climatique dans le corpus de tweets des candidats sélectionnés :

Fig. 4 – Fréquence de changement climatique dans les corpus des candidats

Mélenchon est celui qui emploie le plus fréquemment cette formule (58 occ.), bien plus que Hidalgo (13 occ.) ; Pécresse et Zemmour l’utilisent chacun une fois, tandis que Macron et Le Pen ne la mentionnent jamais dans leurs tweets.

Dans le corpus de tweets de Jean-Luc Mélenchon, l’examen des collocations et du cluster de mots révèle une association significative de changement climatique avec les substantifs défi, effondrement, conséquence, l’adjectif irréversible et les verbes commencer et affronter. De plus, l’observation du nuage de mots issu de cette formule nous permet d’associer encore d’autres mots, bien qu’ils ne soient pas en cooccurrence immédiate avec changement climatique : les substantifs crise, monde, incertitude, eau, migration et l’adverbe ensemble.

Dans les tweets de Mélenchon semble prévaloir un sentiment d’urgence, d’« incertitude permanente » face à un phénomène qui est en cours (l’expression est commencé est employée 11 fois et a commencé une fois) et qui est désormais « irréversible » :

24. Le changement climatique est commencé et il est irréversible. Il faut s’y prendre dès maintenant en faisant deux choses : s’organiser ensemble et prendre des mesures concrètes sur le long terme. #FaceABFM

25. Le changement climatique est commencé, il est irréversible. Ce n’est pas un changement linéaire. C’est un système qui va bouger par paliers, avec des changements radicaux. #DebatDuSiecle

26. @TribunesESCP Le changement climatique est commencé et il est désormais irréversible. Nous sommes entrés dans l’ère de l’incertitude permanente. C’est un défi auquel on ne peut pas faire face avec le chacun pour soi. On ne peut le faire que tous ensemble.

27. Le changement climatique est irréversible. Nous allons être dans l’imprévu permanent. Les situations de crise climatique vont être de plus en plus importantes. Il n’y a que deux logiques : chacun pour soi ou tous ensemble. Nous sommes la voie du “tous ensemble”. #BFMPolitique

28. @APEL_Lille De la #COP26, on ne ressort avec presque rien. C’est désolant. Le changement climatique est commencé, il est irréversible. Il faut maintenant se demander comment agir. Chacun pour soi ou tous ensemble ? Tous ensemble, bien sûr. #MelenchonLille

La répétition de l’énoncé « le changement climatique est commencé et il est irréversible » en début de presque tous les tweets sélectionnés exprime ce sentiment d’urgence et d’alarme. Ce discours relève d’une tendance observée par Fløttum et al. (2019) dans leur étude sur les blogs francophones portant sur le changement climatique, qui s’inscrit pour la plupart dans une perspective négative et pessimiste, dans un discours alarmiste sur l’avenir de l’homme et de la planète.

Le discours de Mélenchon met également en garde contre les impacts socio-économiques liés au changement climatique, qu’il considère comme la « cause » de la famine et des migrations :

29. Il y a le blabla de la COP26, il y a eu celui du G20 avant, pendant ce temps des gens sont en train de mourir à Madagascar. Pour la première fois dans l’histoire, il y a une famine qui est directement liée au changement climatique. Que font les états ? Rien.#RTLSoir

30. Quand on dit qu’il faut ralentir les migrations, tout le monde est d’accord. Mais moi je dis ce qu’il faut faire : lutter contre les conséquences du changement climatique qui vont augmenter les causes du départ. #FaceaBFM

31. Le changement climatique va percuter l’ordre du monde. La montée des eaux menace 1 milliard de personnes. On estime à 250 millions le nombre de personnes qui migreront à cause du changement climatique à horizon 2050. #MelenchonInternationalh

Chez Mélenchon, le discours écologiste s’inscrit dans un discours antisystème et, en dernière analyse, dans un discours anticapitaliste, qui dénonce des mécanismes de « diversion médiatique » déployés pour protéger les intérêts économiques des « maîtres du monde » :

32. Burkini, youyous, « danses folkloriques » : c’est la diversion médiatique permanente ! Le changement climatique est commencé et ses effets sont visibles. Il est temps de parler des sujets de fond !

33. Le changement climatique est commencé nous avons échoué à l’empêcher. Il aurait fallu changer le mode de production, de consommation et d’échange. Mais cela les maîtres du monde ne l’ont pas voulu une seule seconde, car c’eût été intenter à leur cupidité sans borne.#MeetingAubin

34. Aucune génération n’a eu à affronter à la fois le changement climatique et de tels écarts de richesses. Le système qui est responsable de cette situation et qu’il faut changer porte un nom : le capitalisme financier. #MelenchonBordeaux

La liste initiale de questions sociales présentées comme frivoles par Mélenchon permet, en contrepartie, de classer le changement climatique parmi les « véritables » problèmes sociaux, un sujet de fond qui n’est plus négligeable. Ce discours alarmiste est néanmoins adossé, dans les tweets du candidat de La France insoumise, à un appel à l’action collective, à « agir » « tous ensemble » pour relever le défi du changement climatique. Mélenchon avance des mesures de « planification écologique », voire de « protectionnisme écologique » visant à transformer radicalement « le mode de production, de consommation et d’échange » :

35. Le changement climatique est commencé, alors on passe à la planification écologique, oui ou non ? #FaceALaGuerreTF1 #MelenchonTF1

36. Après #BFMPolitique, dans la rue pour la #MarchePourLeClimat à #Paris. Le changement climatique est commencé. Pour y faire face, il faut planifier pour faire la bifurcation écologique. Et choisir le « tous ensemble » plutôt que le «chacun pour soi».

Dans le corpus de tweets d’Anne Hidalgo, l’examen des collocations et du cluster de mots révèle une association significative de changement climatique avec les substantifs enjeu, défi et siècle. De plus, l’observation du nuage de mots issu de cette formule nous permet d’associer encore d’autres mots, bien qu’ils ne soient pas en cooccurrence immédiate avec changement climatique : les substantifs crise, lutte, solution et le verbe faire, employé dans le syntagme faire face.

Ces mots expriment un appel à la « lutte » pour « faire face » à l’un des « grands défis de notre siècle », le changement climatique ; un « enjeu » auquel il faut répondre à travers la « diplomatie climatique » et des « solutions » que Hidalgo veut « concrètes », en valorisant les initiatives locales :

37. Nature en ville, lutte contre le bruit, précarité énergétique, stratégie zéro déchet, alimentation durable : ce matin, le #ConseilDeParis a présenté l’ambitieux plan de la ville de Paris pour faire face au changement climatique. Ce sujet doit toutes et tous nous mobiliser.

38. Emmanuel Macron a totalement abandonné la diplomatie climatique, alors que la France avait organisé la #COP21. C’est pourtant notre seule chance pour répondre de manière efficace et globale aux enjeux posés par le changement climatique.

39. À Nantiat, commune de 1 600 habitants, visite d’un réseau de chaleur qui fonctionne avec une chaudière à bois chauffant ainsi un gymnase et un EHPAD. La France regorge de solutions. Les communes ont pris à bras-le-corps le changement climatique. Il faut favoriser ces initiatives.

40. À Chambéry avec @trepentin, des élus et des acteurs de l’économie de la montagne qui participent à la richesse du pays et doivent relever le défi du changement climatique. Tourisme, maîtrise du foncier, priorité au rail : je porterai des solutions concrètes pour ces territoires.

41. Fière que Paris reçoive aujourd’hui le Prix de l’Action climatique mondiale de l’ONU à la #COP26. Ce prix salue les actions perçues comme des modèles dans la lutte contre le changement climatique. Des solutions locales défendues lors de mon déplacement à Glasgow.

Ici, la liste initiale « Nature en ville, lutte contre le bruit, précarité énergétique, stratégie zéro déchet, alimentation durable » fonctionne comme un cadre de référence pour comprendre la vision d’Hidalgo concernant le changement climatique. La formule changement climatique est alors utilisée comme un hyperonyme pour englober ces différents aspects liés à l’environnement et au développement durable.

Absente des corpus de tweets de Macron et Le Pen, la formule changement climatique n’est présente qu’une seule fois chez Pécresse et Zemmour.

Dans le tweet de Valérie Pécresse, changement climatique est associé aux substantifs eau et défi, renforcé, celui-ci, par l’adjectif grand :

42. Le grand défi du changement climatique : c’est l’eau. L’État doit encourager résolument le stockage de l’eau et redonner une réelle place au ministre de l’agriculture, tant sur la gestion quantitative de l’eau que sur les produits phytosanitaires. #Pécresse2022

La candidate de l’UMP met en lumière ici un aspect crucial de la lutte contre le changement climatique, la gestion de l’eau, en appelant à une intervention proactive de l’État pour garantir que les ressources en eau soient gérées de manière durable et efficace, en particulier dans le secteur agricole.

Dans le tweet d’Éric Zemmour, la formule changement climatique est associée non seulement au substantif conséquence mais aussi, de manière plus générale, à mondialisation, bureaucratie, élite parisienne.

43. Vous êtes en première ligne face aux conséquences du changement climatique, face à une mondialisation et une bureaucratie imposée par Bruxelles et face à des élites parisiennes qui ne vous comprennent pas. #Chateaudun

Ce tweet fait écho à un discours prononcé à Châteaudun en janvier 2022, ciblant particulièrement la ruralité française, que Zemmour décrit comme menacée par la « une mondialisation et une bureaucratie imposées par Bruxelles », en plaidant pour un rééquilibrage des dynamiques entre les grandes villes et les campagnes​. Une fois de plus, chez Zemmour, la préservation de l’équilibre naturel est reléguée au second plan par rapport aux préoccupations humaines et aux dynamiques sociales.

Conclusion

L’analyse du corpus de tweets politiques des principaux candidats à l’élection présidentielle française 2022 nous offre une opportunité de réflexion sur la présence des thèmes de la biodiversité et du changement climatique dans le débat public, en un moment crucial de la vie démocratique française. La fréquence plus ou moins considérable des termes biodiversité et changement climatique dans les tweets analysés constitue un indice révélateur de l’importance accordée à ces enjeux par chaque candidat au cours de la campagne présidentielle, tout en reflétant la sensibilité de leur électorat de référence sur ces questions.

Les candidats de droite, à savoir Pécresse, Le Pen et Zemmour, abordent ces thèmes de manière marginale, voire les ignorent presque totalement. En revanche, le candidat centriste, Macron, aborde la question, mais celle-ci semble reléguée au second plan dans le cadre global de son discours électoral, confirmant ainsi les conclusions tirées par Damon Mayaffre (2021) lors de son analyse des cent discours majeurs de Macron.

Quant aux candidats qui accordent une plus grande importance aux termes – et aux thèmes – de la biodiversité et du changement climatique dans leurs discours sur Twitter durant la campagne électorale, il s’agit indéniablement de Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo. Le premier intègre ces mots dans un discours protestataire, empreint d’alarmisme mais également porteur d’une vision positive et programmatique, tandis que la seconde adopte une approche plus ouverte et constructive au sein du camp socialiste. Ceci confirme l’importance capitale que le candidat de la France insoumise accorde généralement au discours écologiste, qui s’inscrit, selon Alduy (2017, p. 277-279), dans une perspective protestataire, intégré à une critique sociale plus vaste, mettant en lumière une transition qui touche à la fois l’écosystème planétaire et le système politique et social à l’échelle nationale et internationale.

Pourtant, il est indéniable que ces thèmes revêtent généralement moins d’importance dans la compétition électorale pour l’élection présidentielle. Les candidats – et les électeurs – semblent principalement préoccupés par des questions nationales et immédiates, portant bien moins d’intérêt aux enjeux environnementaux globaux.

 

Références bibliographiques

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[1] Cf. aussi Longhi (2016).

[2] Cf. aussi Paveau (2013a, 2013b).

[3] Ce groupe de recherche en linguistique computationnelle et traitement automatique du langage naturel travaille sur des applications permettant aux ordinateurs de traiter et de comprendre le langage naturel, en menant des activités qui vont de la recherche de base en linguistique computationnelle et traitement automatique du langage naturel aux applications technologiques d’analyse et de génération de langage humain et portent sur des domaines tels que l’interaction homme-machine, les technologies de la traduction, l’analyse textuelle, l’analyse des médias sociaux, l’analyse sémantico-syntaxique, ainsi que la création de ressources linguistiques pour de multiples applications (https://sites.google.com/view/unior-nlp-research-group).

[4] D’après Mayaffre et al. (2019 : 107), la co-occurrence peut être définie comme la « forme minimale et calculable du contexte et, dès lors que le contexte est la condition de l’émergence du sens, comme la première molécule sémantique d’un texte ».

[5] Ce logiciel libre, dont le nom est l’acronyme de « Interface de R pour les Analyses MUltidimensionnelles de TExtes et de Questionnaires », a été réalisé par Pierre Ratinaud au LERASS (Laboratoire d’études et de recherches appliquées en sciences sociales) de Toulouse-3, http://www.iramuteq.org/.

[6] D’après Matoré (1953 : 65-66), « le mot-témoin est le symbole matériel d’un fait spirituel important ; c’est l’élément à la fois expressif et tangible qui concrétise un fait de civilisation »; en outre, il manifeste un dynamisme, étant le symbole d’un changement.

[7] Sur la notion de « formule » en analyse du discours, cf. Krieg-Planque (2009).

[8] France Terme, https://www.culture.fr/franceterme/terme/ENVI12.

[9] L’extraction d’un graphe de similitude n’a pas été possible dans ce cas en raison du nombre réduit d’occurrences du mot biodiversité dans le corpus de tweets sélectionné. Il en sera de même pour d’autres cas pris en examen dans cette étude.

[10]FranceTerme, https://www.culture.fr/franceterme/terme/ENVI3?domaine=0&q=changement%20climatique. Le GDT souligne que le terme changement climatique est très souvent employé au pluriel ; https://gdt.oqlf.gouv.qc.ca/ficheOqlf.aspx?Id_Fiche=26513063.

 


Per citare questo articolo:

Maria CENTRELLA, « Biodiversité et changement climatique : une analyse de leur présence dans le discours de la campagne présidentielle française de 2022 sur Twitter », Repères DoRiF, n. 30 – Variations terminologiques et innovations lexicales dans le domaine de la biodiversité et du changement climatique, DoRiF Università, Roma, giugno 2024, https://www.dorif.it/reperes/maria-centrella-biodiversite-et-changement-climatique-une-analyse-de-leur-presence-dans-le-discours-de-la-campagne-presidentielle-francaise-de-2022-sur-twitter/

ISSN 2281-3020

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