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Valentina TARQUINI

 

De quoi la locution « prendre soin » est-elle l’expression en période de crise sanitaire ? Une formule politique belge

 

 

 

Valentina Tarquini
Università degli studi Roma Tre
valentina.tarquini@uniroma3.it

 


Abstract

This study examines the circulation of a formulaic sentence used by the Belgian Prime Minister, Sophie Wilmès, during the Covid-19 crisis in Belgium. The locution “prendre soin” (“take care”) is the verbal core of the expression “Prenez soin de vous, prenez soin des autres” (“Take care of yourself, take care of others”), which assumes the nature of a slogan, forged on affective content, and which has become popular through its variants but also through puns. The result is an ethos of credibility built on empathy and the value of caring.

Résumé

Cette étude porte sur la circulation d’une formule employée par la Première ministre belge, Sophie Wilmès, pendant la crise sanitaire du Covid-19 en Belgique. La locution « prendre soin » constitue le noyau verbal stable de l’expression « Prenez soin de vous, prenez soin des autres » qui assume le caractère du slogan forgé sur un contenu affectif, et qui s’est popularisée à travers ses variantes mais aussi à travers des phénomènes de défigement. Il en découle un ethos de crédibilité construit sur l’empathie et la valorisation de la sollicitude.


 

Introduction

En mars 2020, quand la menace sanitaire avance à grands pas vers le nord de l’Europe, la Belgique est depuis plus d’un an aux prises avec une crise politique. Des gouvernements fédéraux en affaires courantes et minoritaires se succèdent depuis que Charles Michel, du Mouvement Réformateur (MR), alors Premier ministre d’un exécutif minoritaire, présente la démission de son gouvernement qualifiant comme « pas opportune » (FANIEL, SÄGESSER 2020 : 5) la convocation d’élections fédérales anticipées, au vu du scrutin européen, fédéral, régional et communautaire. On assiste, encore une fois, à l’émiettement du gouvernement fédéral qui ne trouve pas la majorité nécessaire au sein de la Chambre pour gouverner de plein pouvoir. Les entités fédérées, sans le premier parti nationaliste flamand, le N-VA (Nieuwe Vlaamse Alliantie), assurent les affaires courantes depuis 464 jours, une période de transition qui rappelle les 588 jours sans gouvernement pendant la crise de 2010-2011 mais qui apparaît davantage comme une crise « structurelle » et profonde (FANIEL, SÄGESSER 2020 : 7). Nommé à la présidence du Conseil européen à partir du 1er décembre 2019, Charles Michel quitte les rênes du gouvernement encore plus minorisé et le MR propose Sophie Wilmès à la tête d’un gouvernement fédéral, Wilmès I (MR/CD&V/Open VLD)[1], dont les compétences sont limitées.

Cette crise politique cristallise une complexité idéologique et sociale qui reflète la complexité linguistique et culturelle du pays. Le Nord néerlandophone est représenté principalement par le N-VA, le parti d’extrême droite qui est à l’origine de la crise[2], auquel s’oppose le Sud francophone représenté au gouvernement par le parti libéral du MR de Charles Michel. Alors qu’au sein de la Région Bruxelles-Capitale, bilingue, les différentes âmes du pays cohabitent non sans difficultés. À cela s’ajoute une grande diversité socio-culturelle qui caractérise la ville de Bruxelles habitée par de nombreuses communautés autochtones et étrangères. Ce qui fait que les décisions à prendre pendant la crise sanitaire devaient tenir compte de cette hétérogénéité au sein d’une population fragmentée où le concept de « groupe linguistique » est représenté à la Chambre et assume une valeur identitaire fixée par la loi : « les membres élus de Chaque chambre sont répartis en un groupe linguistique français et un groupe linguistique néerlandais, de la manière fixée par la loi » (art. 43 § 1 de la Constitution belge).

C’est donc une Francophone qui arrive à la tête d’un gouvernement fédéral déjà affaibli et obtient la confiance des représentants flamands pour faire face à la pandémie. Sophie Wilmès prête serment devant le roi le 17 mars 2020 et le 30 mars le gouvernement Wilmès II reçoit les pouvoirs spéciaux nécessaires à la gestion de la crise sanitaire à laquelle le gouvernement assure vouloir limiter son action. Ce gouvernement est d’autant plus « curieux » que les réunions de la Première ministre avec les vice-premiers ministres sont symboliquement élargies « aux représentants des partis qui ont voté en faveur de l’octroi des pouvoirs spéciaux, ainsi qu’au chef du groupe N-VA de la Chambre » (DUMONT 2021), mais aussi aux ministres-présidents des gouvernements des communautés et des régions, de telle sorte que le Conseil National de Sécurité (CNS)[3] apparaît comme un espace national solidaire de cohésion politique pendant l’état d’urgence.

1. Le cadre de référence pour l’analyse d’une stratégie communicationnelle

Sophie Wilmès assume la tâche délicate non seulement de rassurer la population, mais aussi de la convaincre à respecter des mesures qui s’annoncent strictes. L’enjeu en est le partage de responsabilité entre le locuteur-persuasif (Wilmès) et le récepteur-persuadé (le citoyen) potentiels, à défaut d’un système de supervision sur l’étendue du pays pendant le confinement. Partant du postulat que la situation de crise pandémique ne peut qu’être illustrée par une construction langagière à partir de laquelle découle une « vérité » nécessitant d’un support de crédibilité, il était important pour Sophie Wilmès d’instaurer une relation de confiance avec l’ensemble de la population résidant en Belgique. Si l’on convient avec Patrick Charaudeau que la persuasion est déjà, au fond, une forme autorisée de manipulation, la parole institutionnelle d’une autorité encore méconnue en Belgique devait s’appuyer sur des « savoirs de connaissance », dotés d’une forme de vérité en dehors du sujet parlant donc à même de se donner comme objectifs (CHARAUDEAU 2020 : 28). Dans le contexte belge de la crise sanitaire, la connaissance scientifique sur le Coronavirus fournie par les experts – un savoir savant, dit Charaudeau – a plus de chance que la proscription et la prescription de susciter l’adhésion au respect des mesures. Assumant le point de vue des experts comme levier d’une énonciation fiable, Sophie Wilmès construit une stratégie de persuasion qui, à notre sens, s’avère efficace en ce qu’elle s’appuie sur l’autorité épistémique du savoir scientifique tout en misant sur la relation pathémique avec son auditoire, afin d’engager chaque sujet à prendre soin des proches à travers la prise en charge de soi-même. Dans ce sens, la perspective du « care » est mobilisée en tant qu’action concrète en regard d’une « vulnérabilité constitutive » (PAPERMAN 2010 : 59) qui – la pandémie du Covid-19 nous le rappelle – est inhérente à la condition humaine et non à des catégories différenciées (ibid. : 58-59). Contre cette dichotomisation entre autonomie et dépendance, le « care », comme démarche à la fois éthique et politique qui favorise les relations, semble être visibilisé par Sophie Wilmès dans sa propre stratégie communicationnelle.

La rigueur et la sensibilité de la part de la Première ministre doivent donc se négocier dans l’espace énonciatif des conférences de presse qui suivent les CNS, dans les interviews et sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter. L’hypothèse que nous nous efforcerons de mettre en lumière est que son approche verbale a suscité le consensus de par un usage maîtrisé du langage des émotions en circulation. Dans une situation d’émiettement politique et d’hétérogénéité culturelle et linguistique, Sophie Wilmès prône l’unité et fait appel à la responsabilité individuelle à travers la diffusion d’un contenu impératif crucial – rester chez soi pour empêcher de saturer les hôpitaux – qui, dans la perspective formulaire d’une séquence verbale à la fois identifiable et susceptible de variantes « toutes formellement repérables et relativement stables » (KRIEG-PLANQUE 2009 : 160), se sert de la rhétorique des affects et du devoir éthique de protéger ses proches, un devoir qui a des retombées institutionnelles et politiques. En particulier, la Première ministre mise sur une communication émotionnelle capable d’encourage l’action tout en restant dans l’immobilisme du confinement. D’où les incitations bienveillantes par lesquelles elle clôt chaque CNS – « prenez soin de vous, prenez soin de vos proches/des autres » – et qui circulent dans la presse écrite nationale et sur les réseaux sociaux sous la forme d’une locution qui apparaît comme une formule « constitutive du discours socio-politique » (KRIEG-PLANQUE 2009 : 19).

Tout en partageant le scepticisme découlant des analyses « logocentrées » (PAVEAU 2013 : §1.2, §2) qui ne tiennent pas suffisamment compte du contexte inhérent à la nature même des productions langagières dans leur environnement natif (PAVEAU 2013 : §1.2), nous nous focalisons davantage sur les productions énonciatives et textuelles prêtant une attention secondaire aux éléments multimédias qui, par ailleurs, mériteraient d’être explorés. Notre analyse est qualitative et nous adoptons une approche interdisciplinaire du déploiement discursif dans son contexte socio-historique pour essayer d’en dégager le « sens social » (MOIRAND 2021). À cette fin, nous nous basons sur un corpus hétérogène comprenant les communiqués institutionnels de Sophie Wilmès diffusés à la télévision lors des CNS, ses entrevues radiophoniques et ses déclarations à la presse, mais aussi les discours numériques sur Twitter autour de la formule prise en considération. Il s’agit d’un corpus restreint, comptant quelques centaines de textes de différente taille constitué à partir des occurrences de la locution « prendre soin » associée aux déclarations de Sophie Wilmès entre le début de la pandémie (le premier CNS date du 12 mars 2020) jusqu’à l’annonce de sa démission en tant que vice-Première ministre au sein du gouvernement De Croo, en avril 2022, et un peu au-delà (elle quitte ses fonctions le 14 juillet 2022). Trois ensembles peuvent être schématisés : dans un premier groupement, les discours officiels, les conférences de presse et les entrevues constituent le noyau central, forcément de plus petite taille. Un deuxième groupement est constitué d’une demi-centaine d’articles de la presse francophone belge, surtout nationale, en format numérique, sélectionnés après dépouillement[4]. Enfin, les tweets politiques du troisième ensemble donnent à voir un genre discursif capable de nous renseigner sur les stratégies de circulation de formules et petites phrases (LONGHI 2020 : §1.1) dans l’environnement numérique belge[5]. L’objectif étant de saisir quelques manifestations de la formule dotée d’une valeur politique dans l’espace Twitter pour un utilisateur ordinaire, nous estimons pouvoir nous borner à l’analyse de quelques centaines de tweets qui apparaissent par ordre de popularité, pour un total d’environ 10.000 mots.

Après une rapide caractérisation des procédés de figement de la formule employée comme slogan, nous souhaiterions montrer par des exemples de défigement que les commentaires ludiques et polémiques de la formule confirment un certain degré d’efficacité d’une locution capable de produire un effet sur la population observée dans l’environnement numérique natif de Twitter. Aussi, la presse belge, surtout généraliste, nous fournit le matériau pour évaluer la posture discursive de la Première Ministre belge, qui se donne à voir davantage dans la perspective d’émancipation politique d’une éthique du « care ».

2. « Prendre soin » : une formule qui devient slogan

Une première caractérisation de la locution « prendre soin », telle qu’elle apparaît dans les premiers communiqués officiels, et de l’emploi que Sophie Wilmès en fait dans des discours d’accompagnement, renvoie d’emblée au phénomène de figement. Ce dernier peut être stable ou, au contraire, éphémère renvoyant plutôt aux « scies publicitaires » (FIALA, HABERT 1989 : 89) qui, d’après Fiala et Habert, sont typiques du discours politique et sortent du cadre des observables quand la formule n’est plus d’actualité. Faute de recul temporel permettant d’en évaluer l’historicité discursive, l’analyse porte essentiellement sur l’appréciation de particularités aptes à susciter des questionnements socio-discursifs à propos de la construction d’une posture politique en situation de crise. Dans tous les cas, la stabilité du noyau verbal, due à la charge sémantique reposant sur le nom « soin », concourt à la popularité de la citation pendant la période de confinement d’abord et de déconfinement graduel qui varie d’une région à l’autre. L’impératif pluriel « prenez », marqué par le verbe qui joue le rôle de copule, est souvent doublé – « prenez soin de vous, prenez soin de vos proches/des vôtres/des autres » –, instaurant une rythmicité qui contribue à sa cristallisation. Aussi, un effet d’insistance est produit par la variation du référent, tantôt exprimé par le pronom tonique « vous », tantôt par le nom désignant la proximité « vos proches » – le pronom « vôtres » s’y alternant plus rarement – ou l’altérité générale englobant tous « les autres ». De cette manière, l’interlocuteur est invité à établir un lien direct entre soi et l’autre, allant de l’individu à la collectivité, de l’isolement à la solidarité. C’est ainsi que la communauté d’acteurs sociaux contrainte au confinement se rend visible sur la Toile où la formule est le plus susceptible de circuler, s’il est vrai qu’une formule « n’existe pas en elle-même, mais en relation avec des acteurs qui la portent, et avec des événements qui la favorisent » (KRIEG-PLANQUE 2017 : 113). Compte tenu de sa malléabilité, l’unité phraséologique qui se fige dans la répétition spéculaire d’une formule repérable nous interroge d’emblée sur la nature et le degré du figement de la séquence.

La pertinence de la notion de « figement » tire sa raison d’être du constat d’une délimitation artificielle entre deux extrémités représentées par « une séquence totalement libre et une séquence totalement figée » (KRIEG-PLANQUE 2009 : 76), renvoyant respectivement aux « figements d’ordre structurel (ou formel) », de nature grammaticale, et aux « figements d’ordre mémoriel » circulant ‘en bloc’ à un moment donné de l’histoire (FIALA, HABERT 1989 : 88). Entre les deux pôles se déploient la plupart des séquences que les locuteurs perçoivent comme plus au moins figées dans leur contexte de référence et selon leur subjectivité. En effet, en dehors du contexte belge de la gestion de la pandémie, la séquence « prenez soin de vous, prenez soin des autres » résonne davantage comme un slogan en sa qualité de séquence autonome. Mais le slogan est déjà une « structure formulaire concise et frappante » (ADAM, BONHOMME 2012 : 1534 ; cf. REBOUL 1975). Dans cette perspective, la séquence repérée présente la stabilité de la locution, mais aussi des variantes qui n’en amoindrissent pas le caractère figé, tout au contraire. Il en est ainsi des mots de renforcement comme les adverbes « bien » et « surtout » dans « Prenez bien soin de vous et surtout des autres », ou des verbes assurant une continuité dialogique avec l’auditoire (Figure 1) :

Figure 1 : Tweet du 27 mars 2020 (https://twitter.com/Sophie_Wilmes/status/1243650968522235904)

en réitérant la structure binaire qui, dans une perspective rhétorique et stylistique, serait susceptible de favoriser la mémorisation d’une formule topique (ADAM, BONHOMME 2012 : 3732). Cette formule est retenue comme étant une particularité récurrente chez Sophie Wilmès, qu’un journalise appelle « marque de fabrique Sophie Wilmès » dans une séquence d’entrevue partagée par la Première ministre à l’occasion des vœux de fin d’année (Figure 2).

Figure 2 : Tweet du 31 décembre 2020 (https://twitter.com/Sophie_Wilmes/status/1344661165205557253)

Parmi les variations, il convient de considérer les possibilités combinatoires du lexique du soin « se diffract[ant] en une multiplicité d’agencements » (TOURNIER 1985 : 180) qui est aussi une manière d’adapter la formule au contexte changeant. C’est le cas, par exemple, à la veille du déconfinement, de l’incitation à la prudence à l’aide d’une vidéo illustrant les règles de sortie du lockdown, qui se termine par la formule dans sa structure figée (Figure 3).

Figure 3 : Tweet du 3 mai 2020 (https://twitter.com/Sophie_Wilmes/status/1256949178472767489)

Ou, encore, lors de sa sortie des soins intensifs, une insertion nouvelle brise la structure binaire (« Aidons-les à prendre soin de nous ») pour produire un rythme ternaire à travers l’emploi des pronoms nous/vous/vous, mis graphiquement en exergue pour signifier la condensation sémantique dans une sorte d’injonction de compassion («restez chez vous»):

 @Sophie_Wilmès, 28/10/2020[6]
Je remercie encore tout le personnel soignant qui fait preuve au quotidien d’un immense dévouement et de professionnalisme. Aidons-les à prendre soin de nous.
Et prenez-soin de vous.
Restez chez vous.

Cependant, la séquence « prenez soin de vous, prenez soin des autres » présente aussi d’autres caractéristiques typiquement attribuées au slogan, y compris la répétitivité capable de condenser des « habitudes d’attirance » langagière à un moment donné (TOURNIER 1985 : 158). Parmi ces caractéristiques, la concision, la sonorité d’accroche – donc un style facilement repérable – et la facilité de mémorisation attribuent à la formule une valeur performative à l’intérieur d’un espace historiquement ou culturellement connoté. En tant que « constituant condensé » (ADAM, BONHOMME 2012 : 1520), le slogan circule d’autant plus vite qu’il véhicule un contenu immédiat, d’où la visée prospective du discours de persuasion basé sur l’édification du « pacte d’alliance » (CHARAUDEAU 2014 : 61) dont les effets sont à coconstruire. En effet, la circulation de cette formule a pour fonction de faire émerger une saillance dans le discours qui en assure la pérennisation, quoique dans le bref laps de temps de la pandémie de Covid-19. Elle vise aussi à mettre en lumière la valeur sociale du « soin de l’autre » – le « care » sous plusieurs formes d’action et d’expression (cf. OBERHUBER, GEFEN 2022) – dans la phase aiguë de la pandémie, où tout le monde contribue à sa façon à « sauver des vies ». Enfin, la performativité du slogan comme acte de langage entraîne la dimension polémique, qui est une propriété de la formule (KRIEG-PLANQUE 2009), en ce que l’appel à l’action dans l’immobilisme suscite le désaccord au sein de la communauté discursive.

En définitive, la dimension affective colportée par le slogan ne fait nul doute : elle se sert du raccourci pour se figer dans la mémoire et faire agir par « automatismes » et « liaisons récurrentes » (TOURNIER 1985 : 157-158) engendrant un effet de déjà vu et de rassurement du « penser à ma place » (REBOUL 1975), au vu de la prévisibilité d’unités phraséologiques et de segments d’énoncés aussi bien d’ordre linguistique que d’ordre discursif (KRIEG-PLANQUE 2017 : 98). Du point de vue discursif, la prévisibilité du figement peut, en vérité, créer des effets imprévisibles par déformation de l’unité perçue comme stable. C’est la phraséologie prévue par le discours institutionnel en contexte de crise sanitaire qui, à travers la ritualisation des apparitions publiques, contribue à la « stabilisation de l’expression » nouvelle (KRIEG-PLANQUE 2017 : 103). Ce contraste entre la reproduction du consensus, comme expression de la doxa institutionnelle – formation spontanée et « graduelle de la topique initiale » (SARFATI 2011 : 155) – et le détournement, comme remise en cause dans le discours d’une valeur partagée – protéger les autres en restant chez soi –, s’affiche particulièrement dans l’espace hétérogène et contradictoire des réseaux sociaux. D’où la formule comme référent social qui polarise des positions et interroge l’évidence du bien-fondé de « prendre soin de soi et des autres ».

3. De l’expression cristallisée au défigement de la séquence

De nombreux exemples de reprise de la citation peuvent être tirés des médias où la formule est réappropriée par des locuteurs divers. Trois grandes catégories sont identifiables comme vecteurs de cristallisation de la séquence-slogan et contribuent à la construction du consensus ou, au contraire, à sa remise en question. Les femmes et les hommes issu(e)s des autorités poursuivent la clarté du message et confortent l’image de cohésion politique, aussi bien au niveau fédéral que régional et communautaire, malgré les divisions internes. Les journalistes sont appelés par les autorités à véhiculer le message institutionnel – rester chez soi – confié à la déontologie journalistique afin d’informer la citoyenneté sans ambiguïté. Les récepteurs-énonciateurs de la société civile, quant à elle, se polarisent sur les réseaux sociaux entre les tenants de l’adhésion et ceux de la contestation.

Dans chacune de ces catégories, la reprise de la formule se réalise par des procédés distincts mais tous caractérisés par la repérabilité de l’énoncé réitéré. La reprise par la citation multiplie la reproduction de la formule et en augmente la viralité, de par un haut potentiel de décontextualisation (LONGHI 2020 : §1.1). Elle peut être explicite et sans commentaire, à travers l’usage des guillemets, dans un souci de mimétisme, surtout dans la phase initiale de la crise. Et ce, afin d’éviter tout malentendu et de garder intacte la source première pour mieux partager le message authentique qui, en mars 2020, nécessitait encore d’un support de stabilisation. Le premier jour de confinement, le journaliste Bernard Demonty, chef du service politique du journal Le Soir, l’un des principaux quotidiens nationaux belges, cite fidèlement la Première Ministre sur Twitter accomplissant de cette manière la tâche institutionnelle sollicitée en conférence de presse :

@bdemonty, 17/03/2020
Sophie Wilmès : « Les citoyens sont tenus de rester chez eux pour éviter un maximum de contacts sauf pour se rendre au travail, aller chez le médecin, acheter de la nourriture, aller à la pharmacie, à la poste, à la banque, chercher de l’essence ou prendre soin de quelqu’un. »[7]

Ailleurs, les technomots cliquables, comme les hashtags, reconstituent stratégiquement le contexte qui serait sinon perdu, comme dans le tweet de la Figure 4, comportant ainsi des techno-contextualisations (LONGHI 2020) de la crise pandémique en Belgique (#Belgique, #COVID19BE) et de la situation de confinement (#BelgiumLockdown).

Figure 4 : Tweet du 17 mars 2020 (https://twitter.com/Jeffrey_Natchez/status/1239998067736285185)

La citation peut également être implicite, sans guillemets, comme reporté par Michel De Maegd, député fédéral du MR lors de la sortie d’hôpital de sa collègue de parti :

@DeMaegdMichel, 22/10/2020
Je souhaite à Sophie Wilmès de se rétablir pleinement et rapidement. Je pense également à toutes celles et ceux qui sont touchés de près ou de loin par le virus. Continuez à prendre soin de vous, des autres, et à bien respecter les gestes barrières. Courage à tous !

De manière transversale et indépendamment de l’écosystème discursif, elle peut faire l’objet d’une réappropriation par un locuteur qui joue le rôle d’intermédiaire discursif consensuel – « Vous aussi, prenez soin de vous et de vos proches » (LALOUX, Le Soir, 29/04/2020), en conclusion de l’article, où l’usage de l’adverbe « aussi » évoque l’énonciateur implicite, Sophie Wilmès – ; comme elle peut constituer une citation non embrayée de la Première ministre dès lors que l’ancrage énonciatif marqué par le # du Consulat français en Belgique rend toute explicitation du locuteur désormais superflue (Figure 5).

Figure 5 : Tweet du 29 mars 2020 (https://twitter.com/DiploMix/status/1244149886481846273)

La citation qui a migré de l’espace discursif institutionnel pour être intégrée dans un nouvel énoncé technodiscursif pris en charge par un membre du gouvernement tel que Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, cristallise autrement le slogan élevé au rang de « mantra ». À l’aide de technomots (la mention et les hashtags), d’éléments iconiques et multimédias (l’affiche en grand format), le tweeteur entend augmenter le potentiel d’adhésion au respect des nouvelles règles fixées par le gouvernement pendant l’été et en vue de la rentrée (Figure 6).

Figure 6 : Tweet du 23 juillet 2020 (https://twitter.com/PYJeholet/status/1286287947965308930)

Il est possible de constater que la construction du consensus tire profit de la citation fidèle, fonctionnant comme un argument d’autorité, mais aussi de la reprise libre qui participe du processus de sloganisation par un mécanisme de « redondances uniformisées » et par la manifestation de « phénomènes d’implication » (TOURNIER 1985 : 171) :

@MJnNoville, 27/03/2020
Aujourd’hui, nous devons faire preuve de courage et de patience, conclut Sophie Wilmès. Prenez soin de vous et des autres. Continuez à faire preuve de créativité pour prendre soin des autres

Article de presse. Les organisateurs de Werchter (COLJON et al., Le Soir, 15/04/2020)
Prenez soin de vous et de vos proches. […] Nos festivals feront une pause, tous les préparatifs sont à présent arrêtés. Nous serons de retour pour faire danser en 2021.

Aussi, la reformulation syntaxique du slogan sans citation explicite est prise en charge par l’énonciateur polémique en regard de ceux qui ne respectent pas les règles :

@lolobouffi, 30/10/2020
« On ne peut pas prendre soin des autres si eux ne prennent pas soin d’eux-mêmes. Chacun ses responsabilités. »

Le polémiste se sert volontiers des séquences figées consensuelles pour mieux les réfuter et marquer sa prise de distance :

@StéphaneFtn, 15/07/2020
Vous devriez prendre régulièrement les transports en commun pour vous rendre compte que vous pataugez dans la semoule avec vos ‘prenez soin de vous, prenez soin des autres’.

Notons que l’emploi du possessif dans « avec vos » en fait un slogan attribué à une catégorie doxique qui dépasse largement le cadre de la citation embrayée pour embrasser une population d’adhérents indexée. La formule est donc rejetée en bloc, en tant que telle, et la classe politique au gouvernement discréditée dans son ensemble.

Enfin, la formule peut faire l’objet de défigement dans une visée davantage polémique, sinon carrément provocante, chez les jeunes et les actifs de la société civile dont la contestation disqualifie la valeur consensuelle du « care » qui est censé unir et non diviser :

@yan6432, 16/10/2020
Ok boomer, les jeunes t’emmerdent et te proposent de leur laisser prendre soin de la planète que les vieux ont démoli avec soin pour eux. Au passage on voit bien que les jeunes respectent pas [sic], les magasins sont bondés de « vieux » et le MR peut même organiser des petites soirées.

Le groupe adverbial « avec soin » constitue une reprise ironique de la citation pour renverser le focus qui va de la crise sanitaire à la crise environnementale par glissement du référent. Le détournement par défigement – « prendre soin de la planète » – s’opère en changeant le nom du syntagme verbal pour démasquer certaines hypocrisies qui servent à la crise imminente sans compter la crise écologique, moins visible mais tout aussi dévastatrice.

Pour conclure cette série d’exemples, la formule reprise et défigée peut engendrer de nouveaux slogans. C’est le cas, par exemple, du nom d’un projet proposé au gouvernement par le mouvement citoyen « Take Care of Care » (“prendre soin des soins”) dont Sophie Wilmès salue l’initiative en partageant la photo d’une table de travail (Figure 7).

Figure 7 : Tweet du 14 mai 2020 (https://twitter.com/Sophie_Wilmes/status/1261016546945761282)

Il est intéressant de remarquer que la recontextualisation de la formule dotée d’un nouveau référent – les soins de santé – est prise en charge par une énonciation d’autorité qui, finalement, en authentifie l’entreprise par autocitation. Sauf que la stratégie énonciative se heurte aux contraintes politiques qui n’échappent pas aux commentaires des internautes :

@patplacentino, 14/05/2020
L’initiative est louable. Cependant, la présence sur la photo de @Maggie_DeBlock[8] (dont le titre explique peut-être sa présence) ne joue pas en faveur de la crédibilité du projet “Prendre soin des soins”. C’est même un faux pas symbolique.

4. L’autorité par la topique de l’empathie

Comme on l’a vu, la locution « prendre soin » constitue le noyau stable de ce qui devient dans la presse une « célèbre formule » (INJOQUE PALLA, Le Soir, 16/03/2021). La phrase figée dans la prise de parole publique fait de la Première ministre « la maman », « la grande sœur », « la bonne copine » de tout citoyen belge (DEFFET, Le Soir, 23/12/2020). « Mère de la nation » (de MAET, DH/Les Sports, 28/03/2020 ; DESWERT, RTBF, 28/10/2022), Sophie Wilmès incarnerait ainsi, dans la perspective suggérée dans ces titres de presse, une sorte d’autorité ancestrale capable d’éveiller l’émotion primordiale, par ricochet celle du nouveau-né, soit le « care primordial » (MOLINIER 2010 : 166) : l’attachement instinctif pour ses ascendants et descendants. D’où l’enjeu du slogan, dont l’objectif est de susciter « un effet d’adhésion passionnelle masquée par une illusion rationnelle » (CHARAUDEAU 2014 : 77). D’un point de vue énonciatif, Sophie Wilmès apparaît comme empathique non pas parce qu’elle prend en charge l’émotion de l’autre mais, plus précisément, comme le suggère Alain Rabatel à propos de la modalité empathique, parce qu’elle l’entérine en tant qu’« instance empathisante » (RABATEL 2013), engendrant à son tour de l’empathie et de la compassion au sein de la population. Ce qui revient à enclencher l’éthique du care : faire transformer la bienveillance en sollicitude (OBERHUBER, GEFEN 2022), soit muer le penchant (« se faire du souci ») en action (« prendre en charge » la santé de l’autre). Mais surtout faire transformer la sollicitude spontanée en politique organisée du care où le travail et les relations de pouvoir qui sont en jeu soient assumés par des « institutions justes » (RICŒUR 1990 : 227) en faveur des catégories vulnérables pour lesquelles le gouvernement propose des solutions de protection sociale : les personnes âgées dans les « homes » (les maisons de repos en Belgique) et les personnes isolées, les enfants sans garde et les parents travaillant dans les soins, entre autres.

Qualifiée de « phrase fétiche » (REGNIER, Le Soir, 28/10/2021) ou de « mantra » par les membres des institutions belges (voir Figure 6), la formule « prenez soin de vous et des autres » assume le caractère oraculaire qui a trait à la sphère de la croyance et des émotions. Néanmoins, à force de sloganisation, a-t-on remarqué, cette formule répandue peut se vider de sens et devenir un accessoire du politiquement correct ou une manière comme une autre de conclure une conversation. Si elle risque de « remplacer ‘cordialement’ à l’écrit et ‘allez, salut’ à l’oral » (E. W., La Libre, 19/05/2020), comme on dirait take care pour dire au revoir en anglais, elle perd aussi sa capacité de résister à la menace du temps, surtout lorsque la crise pandémique se transforme en phénomène endémique routinier.

Au vu des analyses, on remarque une validation médiatique de l’empathie assumée par Sophie Wilmès confirmant une inflation dans le langage politique de la thématisation des émotions « argumentables » (cf. MICHELI 2010). La presse n’hésite pas à définir le langage de la Première ministre par la catégorie genrée du « maternel », si tant est que l’autorité argumentative se forge sur l’aptitude à pérenniser, auprès du récepteur impuissant face au Covid-19, le sentiment de sécurité comparable à « la confiance première et vitale du nourrisson pour sa mère » (ANGENOT 2013 : 19). Et ce, à plus forte raison qu’elle se met en congé, lorsqu’elle est nommée vice-Première dans le gouvernement De Croo, formé le 1er octobre 2020, pour des raisons de santé de son époux : « Une image très humaine qui a contribué à faire d’elle la personnalité politique préférée des francophones » (DEMONTY et al., Le Soir, 21/04/2022). Ayant trait à la sphère des émotions, l’empathie « qui relève comme l’ethos des effets ressentis » (MOIRAND 2021 : 23) est consubstantielle à la force de persuasion, surtout en période de vulnérabilité physique et/ou psychologique. La solidarité, le choix éthique du « care » dans un pays qui a fait des homes des « bombes à retardement » de la propagation du Coronavirus en début avril 2020 (DEVILLERS, La Libre, 08/04/2020), mais aussi le devoir de responsabilité individuelle, sont les mots d’ordre de la stratégie belge guidée par Sophie Wilmès. Ses discours construits sur la pensée « raisonnable », « argumentable et discutable » (ANGENOT 2013 : 13) contribuent à bâtir la confiance sans laquelle aucune décision de l’État ne peut être perçue comme acceptable (MOIRAND 2021 : 4).

Sa légitimité découle d’une autorité par moralisation – portant sur des valeurs morales – et par rationalisation (WODAK 2022 : 3-4) – portant sur des pratiques sociales et pragmatiques qui se donnent comme rationnelles. Une telle autorité de « bon sens » promeut la « responsabilité personnelle sans leadership hiérarchique » (ibid. : 12). Cette forme de légitimation de l’autorité se fonde, dans le cas d’espèce, sur des discours étoffés de données chiffrées et sur des plans pragmatiques. La Première ministre belge s’est effectivement dotée d’un protocole de déconfinement basé sur différentes stratégies rationnelles : la création d’une « bulle de contacts rapprochés » (plus tard formalisée en « bulle sociale »[9]), un plan en cinq étapes (« plan d’été » 2021), et une attention particulière portée aux maisons de repos. Notons au passage que le recours à la « bulle sociale » s’est donné à voir comme modèle de responsabilité individuelle pour contrer la solitude et assurer la sociabilité – donc la santé psychologique – dans un espace de contacts limités. C’est à ce modèle que s’inspirent le Royaume-Uni, le Canada et la Nouvelle-Zélande pour l’équivalent anglo-saxon (« social bubble »). Enfin, nous convenons avec Irit Kornblit quand elle affirme que la Première ministre belge construit un « ethos collectif d’unité » (KORNBLIT 2022 : 4) qui se joue à plusieurs niveaux. Au niveau fédéral, elle assume le rôle de porte-parole d’un groupe politique non hiérarchisé où prime le consensus autour de l’expertise scientifique et, face à l’opinion publique, elle se range en tant que concitoyenne s’appuyant sur l’explication pour transformer la contrainte en choix délibéré de bon sens sur le mode affectif.

Conclusion

Nous avons vu que la locution « prendre soin », régulièrement employée par une Première ministre méconnue en Belgique lors du déclenchement de la pandémie de Covid-19, a constitué le noyau verbal stable à partir duquel s’est cristallisé la formule « prenez soin de vous, prenez soin des autres ». Dans un contexte où la crise sanitaire s’ajoutait à une crise politique profonde, il était important d’unir dans la diversité (sociétale, politique et linguistique) et de défendre la fermeté des mesures à faire respecter par l’éthique choisie de la sollicitude, fortement chargée de contenu affectif. Cette formule, maintes fois répétée lors des conférences de presse et dans d’autres interventions publiques, a contribué à la circulation rapide de sa condensation et de ses variantes, aussi bien dans les médias nationaux que sur les réseaux sociaux, notamment Twitter. Elle devient une formule sloganisée capable de construire le consensus et, par conséquent, de susciter la confiance. L’enjeu du capital de confiance est de taille dans une situation d’instabilité politique comme celle que vivait la Belgique depuis plus d’un an. L’ethos de crédibilité (ANGENOT 2013 : 67) construit à travers des arguments d’autorité (arguments d’experts), une attitude de la transparence et de la modestie au sein du gouvernement et, enfin, l’argumentation par l’empathie vis-à-vis de la société civile a rendu possible que la Belgique lui accorde créance. En effet, les démissions de Sophie Wilmès comme vice-Première et ministre des Affaires étrangères (14 juillet 2022) pour assister sa famille pendant la maladie de son époux, renforcent le « régime de confiance » (ANGENOT 2013 : 354) qu’elle a bâti depuis son accès à la tête du gouvernement fédéral, d’autant plus que sa démission avait été précédée d’un congé sans solde le 21 avril 2022, date à laquelle elle a annoncé la maladie de son mari.

Dans une perspective déconstructiviste, la locution « prendre soin », exprimant la valeur appréciative de la prise en charge de la santé physique et morale de l’autre, peut néanmoins se charger d’une signification moins immédiate dès lors que le souci pour l’autre est aussitôt remis en question par le souci pour soi, à plus forte raison si l’autre est perçu comme une menace. Dans ce sens, la rhétorique de l’empathie laisse entrevoir les formes de mitigation langagière en ce que l’isolement de l’autre est, de fait, une forme de protection pour soi et la locution n’a plus grand-chose à voir avec le « soin de l’autre ». D’où les cas de défigement analysés comme réaction polémique au consensus autour du « care ». On assiste, en définitive, à un renversement constant des relations causales entre « le soin de l’autre pour soi » et « le soin de soi pour le bien de l’autre », les deux trajectoires étant difficiles à démêler en dehors du prisme du sous-entendu, qui n’a pas fait l’objet de cette étude.

 

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[1] Le MR est le seul parti francophone, alors que le CD&V, Chrétiens-Démocrates et Flamands, et l’Open VLD, Libéraux et Démocrates flamands, sont des partis néerlandophones.

[2] Le 9 décembre 2018, les membres du N-VA démissionnent du gouvernement fédéral Michel I pour empêcher l’approbation du Pacte de Marrakech (le Pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières) alors en préparation au sein de l’ONU.

[3] L’organisme institutionnel qui guide le gouvernement en situation de crise. Créé en 2015 et réuni jusque-là uniquement pour contrer le terrorisme, il est régulièrement convoqué pendant la phase aiguë de la pandémie.

[4] Loin de constituer une liste exhaustive, les sources des articles sont des quotidiens et hebdomadaires francophones : Le Soir, La Libre, Le Vif, RTBF, DHnet/Les Sports, L’Echo, 7sur7.be, BX1, ParisMatch, L’avenir, RTL info, LN24 ; en moindre mesure, d’autres médias bilingues ou néerlandais, tel que VRT NWS, qui publient aussi des contenus en français.

[5] Il est toutefois utile de rappeler que les statistiques du GlobalWebIndex et Datareportal indiquaient en 2017-2018 que seule 22 % de la population belge adulte (entre 16 et 64 ans) utilise Twitter, contre 70 % d’utilisateurs de Facebook.

[6] Les tweets ne présentant pas d’éléments iconiques ou plurisémiotiques sont reproduits dans le texte.

[7] C’est nous qui soulignons, dans cet exemple ainsi que dans les suivants.

[8] Ministre fédérale des Affaires sociales et de la santé publique à l’époque de la crise sanitaire, âprement critiquée pour sa gestion de la pandémie et pour avoir longtemps minimisé la propagation du Coronavirus.

[9] Le concept de « bulle sociale » s’est précisé au fil des semaines en Belgique pour désigner au printemps 2020, en vue d’un déconfinement progressif, la bulle de contacts rapprochés admis en dehors du ménage selon le nombre établi par le gouvernement.

 


Per citare questo articolo:

Valentina TARQUINI, « De quoi la locution « prendre soin » est-elle l’expression en période de crise sanitaire ? Une formule politique belge », Repères DoRiF, n. 29 – Discours autour de la pandémie : configurations interdiscursives et diatopiques d’un fait de crise en évolution, DoRiF Università, Roma, aprile 2024, https://www.dorif.it/reperes/valentina-tarquini-de-quoi-la-locution-prendre-soin-est-elle-lexpression-en-periode-de-crise-sanitaire-une-formule-politique-belge/

ISSN 2281-3020

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